Nicolas a 20 ans et il vient de passer la nuit dans la rue de la Loi à Bruxelles pour manifester. Son cheval de bataille? Mettre la pression sur les députés fédéraux pour qu'ils votent la Loi climat. En bref, il explique au micro de notre journaliste Sébastien Debock pourquoi il manifeste et en quoi consiste cette fameuse Loi climat.
"La revendication principale, c'est de faire vote la Loi climat. Principalement par le biais de l'article 7bis. Parce qu'il faut savoir que cette loi climat est une loi spéciale. Il faudra pour ça changer la constitution, ce qui sera un argument pour le prochain gouvernement de ne pas voter cette loi", explique Nicolas.
Brève explication sur l'article en question
Pour bien comprendre, rappelons que l'article 7bis fait partie du Titre 1 de la Constitution belge. Ce titre 1 définit des objectifs communs qui doivent être poursuivis par l'État fédéral, les communautés et les régions.
Voici ce qui est indiqué pour l'instant dans l'article 7bis: "Dans l’exercice de leurs compétences respectives, l’Etat fédéral, les communautés et les régions poursuivent les objectifs d’un développement durable, dans ses dimensions sociale, économique et environnementale, en tenant compte de la solidarité entre les générations".
En résumé, les ONG environnementales veulent indiquer dans l'article 7bis que "l’Etat fédéral, les communautés et les régions" poursuivent les objectifs d'une Loi climat. Et cette loi spéciale sur le climat serait ensuite développée plus largement.
Mais pour modifier cet article 7bis, il faut une majorité spéciale: deux tiers des députés et une majorité simple dans chaque groupe linguistique. Côté francophone, les écologistes, les socialistes, le cdH, DéFI ainsi que le MR ont signé la proposition de loi spéciale climat. Mais le MR ne semble pas enclin à la voter, préférant la voie d'un accord de coopération entre les différentes entités du pays. Côté néerlandophone, une majorité de députés (N-VA, CD&V, Open VLD) s'opposent à la loi spéciale climat.
Et pourquoi agir maintenant? Tout simplement parce que le vote sur l’amendement de l’article 7bis a lieu mardi.
Ne pas voter cette Loi climat, c'est rendre impossible la vie future sur terre
Nicolas explique ensuite pourquoi il estime urgent d'agir. "Aujourd'hui, tous les scientifiques sont clairs et univoques: si des mesures ambitieuses, claires, et le GIEC parle d'une diminution globale de nos émissions de gaz à effet de serre de 65% d'ici 2030 n'est pas faite, on court droit à une catastrophe. Moi j'ai 20 ans, je ne peux pas accepter aujourd'hui. On ne peut pas se dire que dans 10 ans, il y aura un réchauffement global de 1,5 degré qui va modifier toutes nos conditions de vie, et faire même que certaines personnes n'auront plus de conditions de vie décentes", lance le jeune homme.
"On commence à peine à parler des problèmes des réfugiés climatiques, mais on sait bien que ça va concerner des millions de personnes d'ici 2050. On est vraiment sur des phénomènes en chaîne qui ne vont cesser d'augmenter. Aujourd'hui, il y a vraiment notre génération qui met le doigt dessus, et qui dit 'Nous n'acceptons pas ce crime contre la vie'. Il faut bien dire ce que c'est. Ne pas voter cette Loi climat, continuer dans les trajectoires et les modes de production qui sont les nôtres, c'est très simplement faire un génocide contre la vie. C'est rendre impossible la vie future sur terre, ce dont nous, les jeunes, on a le plus besoin", conclut-il.
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