Un jeune chercheur flamand d'origine jordanienne a passé 15 jours aux côtés de djihadistes belges en Syrie. Une immersion sur laquelle il revient aujourd'hui dans un livre. Une expérience, aussi, qui lui a permis d'ouvrir à Malines un centre de déradicalisation.
"Pourquoi nous sommes tous des djihadistes ?", le titre du livre de Montasser Alde’emeh est un peu provocateur. Ce chercheur, qui prépare un doctorat à Anvers, a partagé le quotidien de jeunes Belges néerlandophones partis faire le djihad en Syrie pendant plusieurs semaines. Sa première surprise a été qu’ils vivent là-bas tout à fait normalement, souvent avec femme et enfants, sauf qu’ils sont prêts aux pires violences. "Pour obtenir ce qu’ils veulent, pour réaliser leurs projets, pour parvenir à faire disparaître Bachar el-Assad, faire tomber son régime, ils doivent aussi se battre. Et dans les combats, il faut faire des choses inhumaines vis-à-vis de l’ennemi. Parfois il faut être dur sinon ça ne marche pas, alors tu peux rentrer en Belgique. Les jeunes sont donc tellement impliqués qu’ils sont même capables de décapiter", explique le jeune chercheur.
Ils trouvent là-bas une place dans une société qui correspond à leurs valeurs radicales
Le parcours de ces jeunes néerlandophones en Belgique est souvent marqué par l’échec. En revanche, ils trouvent là-bas une place dans une société qui correspond à leurs valeurs radicales. "Les jeunes que j’ai rencontrés disent : ‘Ici je suis enfin libre’. Dans leur perception de la liberté, c’est comme ça. Ils peuvent vivre sous les lois de la Charia alors qu’ici ce n’est pas possible, alors ils partent là-bas", précise Montasser Alde’emeh.
"Je tente de comprendre leurs frustrations et faire en sorte qu’ils puissent parler de leur ressenti, même si ces sentiments sont radicaux"
Le jeune homme a monté à Malines une structure pour réintégrer les jeunes de retour au pays et surtout convaincre les autres de ne pas partir. "Je ne parle pas d’eux, je parle avec eux. Je tente de comprendre leurs frustrations et faire en sorte qu’ils puissent parler de leur ressenti, même si ces sentiments sont radicaux. Leurs frustrations par rapport à société doivent être prises en compte. Il faut écouter et essayer de comprendre pourquoi ils pensent ce qu’ils pensent et la seule solution, c’est de parler avec eux et d’être sûr qu’ils se sentent bien", ajoute encore l’auteur de "Pourquoi nous sommes tous des djihadistes ?".
D’après lui, 440 Belges ont choisi le Djihad, 126 seraient rentrés et une soixantaine seraient morts sur place.
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