Les Wallons devront payer une nouvelle redevance dès 2019 : 50 euros par personne de plus de 26 ans et par an pour l’assurance autonomie. Le calcul a été vite fait : 100 euros par couple, c’est l’exact montant de la radio-tv redevance que le gouvernement MR-cdH vient d’abolir. Simple transfert de ligne budgétaire? Ou, comme l’a expliqué la ministre wallonne cdH Alda Greoli, véritable nécessité d’organiser une “sécurité sociale wallonne”? La question a été débattue dans C'est pas tous les jours dimanche.
Les critique du Parti socialiste
Le tour de table a débuté par les critiques du Parti socialiste, récemment évincé du gouvernement wallon par le cdH, qui s'est allié au MR. Le PS était représenté par la députée wallonne Joëlle Kapompolé, également conseillère communale à Mons. "L'information et la communications sont floues. Notamment sur ce à quoi on aura droit grâce à cette nouvelle taxe. Il y a trop de flou. Par exemple, nous en sommes à la troisième actualisation de l'étude qui a été commandée pour évaluer l'impact de la taxe, et regarder la viabilité du système mis en place", a expliqué Joëlle Kapompolé. "De toute façon, ce n'est pas finançable dans ce cadre-là. Et puis, on ne voit pas la plus-value par rapport à ce qui existe aujourd'hui. Il y a déjà des prestations à domicile, des soins à domicile qui sont octroyés, une allocation pour personnes âgées…", a-t-elle ajouté.
Les demandeurs d'une aide paieront selon leurs revenus
Benoît Drèze a écouté les critiques et y a répondu. Le député wallon cdH représentait sur le plateau de l'émission la voix du gouvernement wallon. "Je suis très étonné des propos, Joëlle Kapompolé dit que son parti a travaillé sur le dossier, mais il l'a bloqué", a-t-il réagi.
"Sur la confusion, les communications sont claires: il y a deux branches. Une branche qui est la transformation de l'allocation d'aide aux personnes âgées, qui existe déjà, c'était à la sécu et ça devient régional, c'est entre 80 et 500€ reçus par personne selon les revenus. Ça reste inchangé", a indiqué Benoît Drèze. "L'autre branche, c'est le déploiement de l'aide à domicile, gérée aujourd'hui par 88 SAFA, Services d'aide aux familles et aux aînés en région wallonne. Le budget va augmenter de 50%", a-t-il précisé.
Cette deuxième branche est censée permettre aux personnes demandeuses de payer moins cher un garde-malade. "Ce ne sera pas totalement gratuit. Donc la cotisation sera la même, 50 euros et 25 euros pour les bas revenus, mais le ticket modérateur sera fonction des revenus. Pour les personnes les plus défavorisées, ça coûtera quelques centimes", a expliqué Benoît Drèze.
Le député cdH a également précisé que le budget global pour aider les personnes à rester chez elle représentait 420 millions d'euros, et que les 50 euros par an représentaient 100 millions. "Les citoyens vont mettre 100 millions pour recevoir 420 millions", a-t-il dit, assurant que c'était une solution obligatoire pour contrer le problème du vieillissement de la population. "Dans les prochaines années, 10% de la population sera octogénaire, et 25% aura plus de 65 ans. Notre volonté est le maintien au domicile, c'est ce que les gens veulent", a-t-il affirmé.
Enfin, Benoît Drèze a précisé qu'il n'y avait pas de limite d'âge pour bénéficier de l'assurance autonomie. Une personne ayant moins de 65 ans et qui a subi un accident entraînant une perte de mobilité pourra donc en bénéficier.
Ça existe en Flandre depuis 15 ans, on en est très content
Jan Segers, l'un des chroniqueurs de C'est pas tous les jours dimanche, est intervenu. Il est journaliste pour le quotidien flamand Het Laatste Nieuws. "Le système existe en Flandre depuis 15 ans. Tout le monde semble en être content. Il n'y a pas d'opposition, même socialiste. Mes parents qui ont 85 ans et qui vivent encore à la maison reçoivent une aide chaque mois de 130 euros, alors qu'ils ont payé 50 euros. Ça les aide pour les soins non médicaux, les soins de tous les jours. On en est très content", a-t-il commenté.
Autre critique: presque tout le monde paie la même taxe, peu importe le revenu
Benoît Drèze a expliqué que la taxe serait de 50 euros par an pour chaque citoyen de plus de 26 ans, et qu'elle serait de 25 euros pour les bas revenus.
Cependant, de nombreux citoyens se pensent volés par le gouvernement wallon. Plusieurs témoins l'ont exprimé au micro de Christophe Deborsu lorsqu'il a réalisé son Vote dans la rue. De plus, le montant de cette taxe pour un couple, soit 100 euros, correspond étrangement au montant de la taxe de redevance télé. "Un autre défaut, c'est l'idéologie derrière. C'est anormal qu'il n'y ait pas de progressivité. C'est-à-dire qu'on n'est pas dans la sécurité sociale, on est plutôt dans un système d'assurance privée où tout le monde paie la même chose. Vous, monsieur Drèze, député avec plusieurs mandats, vous gagnez bien votre vie, vous allez payer la même chose qu'une caissière à mi-temps (ndlr: celle-ci paierait plutôt 25 euros)", a fait remarquer le chroniqueur Michel Henrion.
"La cotisation est forfaitaire, il est vrai, avec les modalités pour les bas revenus. Je le répète, au niveau de la prestation, le principal est pris en charge par l'assurance autonomie, et il reste un petit ticket modérateur qui est fonction des revenus. Ici c'est une cotisation de 1 euro par semaine pendant sa vie d'adulte à partir de 26 ans…", a répété Benoît Drèze. "Il faut se rendre compte, monsieur Drèze, que 50 euros, pour pas mal de gens en Wallonie, c'est une semaine de courses chez Lidl ou Aldi", a rétorqué Michel Henrion. "C'est ça la réalité du terrain, et rien ne dit que vos 50 euros ne seront pas bientôt indexés ou augmentés", a-t-il ajouté.
Ce n'est pas une taxe, c'est une cotisation sociale
Le lundi 30 octobre, la ministre wallone cdH Alda Greoli, en charge de l'Action sociale, était interrogée sur Bel RTL. Elle disait qu'"Avec cette aide, nous mettons vraiment en place les bases d'une sécurité sociale wallonne en complément de la sécurité sociale que nous avons dans les soins de santé, c'est essentiel. Ce n'est pas une taxe, c'est une cotisation sociale. Alors je sais bien que vous allez me dire que je joue sur les mots, mais ce n'est pas la même chose".
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