C’est la grande réforme de la rentrée. La ministre des Pensions Karine Lalieux (PS) a dévoilé sa proposition de réforme très attendue ce vendredi. Invitée sur le plateau de "C’est pas tous les jours dimanche", la ministre socialiste est revenue sur les grandes lignes de son projet de réforme et a apporté quelques précisions.
Pension minimale à 1.500 euros, pension anticipée à 60 ans, bonus pour ceux qui travaillent au-delà de 42 ans de carrière… La ministre des Pensions Karine Lalieux (PS) a dévoilé sa proposition de réforme des pensions et les changements seront nombreux. Ils devront être négociés au sein de la coalition mais le projet suscite déjà de vives réactions au sein du monde politique et auprès des partenaires sociaux.
Invitée sur le plateau de "C’est pas tous les jours dimanche", la ministre socialiste est revenue sur les grandes lignes de son projet de réforme et a apporté des précisions sur les propositions qui divisent profondément. "L’idée, c’est de réparer une injustice sociale. On constate, aujourd’hui, que des personnes qui n’ont pas la chance de faire des études et qui commencent à travailler à 18 ans devront travailler 44 ans pour pouvoir partir à la pension anticipée. Alors que ces personnes ont, d’habitude, un métier beaucoup plus lourd, une espérance de vie moindre, ils cotisent plus longtemps et ils profiteront moins de leur pension", rappelle-t-elle d’emblée.
Si la personne travaille trois ans en plus et qu’elle cotise en plus, sa pension continue d’augmenter
Son projet de réforme propose en effet de pouvoir partir à la pension anticipée dès 60 ans à condition d’avoir 42 ans de carrière à son actif. Ce qui, selon elle, serait une "équité sociale pour l’ensemble des travailleurs." En parallèle, la ministre rappelle qu’elle envisage de mettre en place des incitants positifs pour encourager les gens à travailler plus longtemps. "Le bonus pension et la pension à temps partiel sont deux choses que l’on peut cumuler", dit-elle avant de préciser : "Le bonus pension est une somme forfaitaire par jour en plus du salaire."
Concrètement, une personne qui bénéficie d’une pension de 1.500 euros par mois pourra l’augmenter de 100 euros, soit 1.600 euros par mois, si elle travaille pendant trois années supplémentaires. Un montant jugé insuffisant par certains. "Si la personne travaille trois ans en plus et qu’elle cotise en plus, sa pension continue d’augmenter, argumente Karine Lalieux. Le travailleur pourra aussi choisir d’aménager lui-même sa fin de carrière en prenant un mi-temps ou un cinquième de temps tout en continuant à cotiser pour la sécurité sociale et ainsi augmenter sa pension."
Une pension minimum actuellement trop basse
Mais du côté flamand, de même que chez les libéraux francophones, on n’est pas super emballé par la proposition. Cela inciterait davantage les gens à arrêter trop rapidement de travailler. "Le problème, en Belgique, c’est qu’on soupoudre tellement l’argent public pour la paix sociale que finalement les retraites sont très bases en comparaison aux pays qui nous entourent", répond Mia Doornaert, éditorialiste chez De Standaard, lors du débat.
Pour rappel, la pension minimum est actuellement de 1.330 euros bruts en moyenne dans notre pays. Un montant extrêmement bas pour des personnes qui ont parfois travaillé pendant 45 ans. "Aujourd’hui, les pensions minimums sont trop basses, concède Karine Lalieux. Mais l’ensemble du gouvernement a décidé de revaloriser la pension minimum à 1.500 euros nets par mois en 2024". Un budget de 1,2 milliards d’euros a en effet été injecté dans la cassette "pensions".
Une condition d’accès à la pension minimum
Parmi les nouvelles propositions formulées par la ministre des Pensions, il y a aussi la condition d’accès à cette pension minimum : soit 10 ans de carrière effectifs. Les libéraux estiment que 20 ans de travail effectif seraient plus appropriés pour pouvoir bénéficier de cette pension minimum. Mais la ministre répond non. "20 ans, ça veut dire que 66% des personnes qui ont accès à la pension minimum aujourd’hui en serait exclu. Et dans ces 66%, 75% de femmes. Déjà que notre système est très inégalitaire par rapport aux femmes, je n’accepte pas ce type de proposition", insiste-t-elle.
Obtenir la pension minimum après 10 ans de travail effectif ? Cela nécessite quelques précisions ! Une personne qui n’aura travaillé que pendant 10 ans n’aura évidemment pas droit aux 1.500 euros de pension. "Je pense qu’il y a confusion. Il faut savoir que le chômage est dégressif, il faut montrer qu’on est disponible sur le marché du travail. On voit que les cotisations, après un an de chômage, elles diminuent donc la pension diminuera aussi. Donc, on ne peut pas dire qu’un travailleur aura la même pension qu’un chômeur car le travailleur aura cotisé plus", développe Karine Lalieux.
Toutes les mesures proposées concernent les salariés, fonctionnaires et indépendants, a précisé la ministre des Pensions. "Nous voulons que l’ensemble des travailleurs, quel que soit leur statut, puissent vivre dignement quand ils seront pensionnés."
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