Plusieurs attaques terroristes ont frappé la capitale française ce vendredi, dans la la pire agression terroriste de l'histoire sur le territoire français. Le dernier bilan fait état de 129 morts, 352 blessés et 7 "terroristes" morts. Au moins 99 blessés sont dans un état d'"urgence absolue". Ce dimanche, Manuel Valls annonce que les corps de 103 victimes ont été identifiés.
Le bilan "malheureusement provisoire et évolutif" des attentats de vendredi soir est de 129 morts et 352 blessés, "dont au moins 99 sont en état d'urgence absolue", a déclaré le procureur de Paris François Molins lors d'une conférence de presse. "Sept terroristes sont morts au cours de leur action criminelle", a-t-il également précisé, dont 6 se sont fait exploser, selon un chiffre revu à la baisse.
Ce dimanche, le Premier ministre français, Manuel Valls, annonce que les corps de 103 victimes ont été identtifiés. "Il y a eu 103 corps identifiés, il y a 20 à 30 personnes qui n'ont pas été encore identifiées. Elles le seront dans les heures qui viennent. C'est ce temps-là qui est insupportable" pour les familles, a-t-il déclaré.
Trois équipes de terroristes
Selon le procureur, les "terroristes" qui ont perpétré l'attaque de la salle de spectacle du Bataclan à Paris ont évoqué la Syrie et l'Irak. Il y avait "très vraisemblablement trois équipes de terroristes" au total, a-t-il souligné. Il est possible que l'une de ces trois équipes aurait eu comme lieu de repli Molenbeek. Au total, plusieurs centaines de douilles, la plupart de calibre 7,62 mm (calibre de kalachnikov) ont été retrouvées sur chacune des scènes des attaques, a ajouté M. Molins.
Des victimes pas seulement françaises
Outre les deux Liégeois et un troisième belge installé en France, plusieurs autres étrangers ont été victimes de ces attentats. Parmi les tués figurent, selon un bilan provisoire:
- un Espagnol de 29 ans, Alberto González Garrido, selon les autorités espagnoles. Le jeune Madrilène assistait, selon sa soeur, au concert du Bataclan.
- un Portugais de 63 ans qui résidait à Paris et travaillait dans le transport de passagers, selon les autorités portugaises. Il serait mort alors qu'il se trouvait aux abords du Stade de France au nord de Paris.
- deux ressortissants roumains, selon le ministère des Affaires étrangères à Bucarest.
- deux jeunes Tunisiennes, des soeurs qui vivaient dans la région du Creusot (centre-est) et fêtaient à Paris l'anniversaire d'une amie, a indiqué le ministère tunisien des Affaires étrangères.
Par ailleurs un Suédois pourrait avoir été tué et un autre blessé selon un porte-parole de la diplomatie suédoise.
Plusieurs Américains se trouvent parmi les blessés, dont le nombre exact n'a pas été précisé. "Nous leur offrons toute l'assistance consulaire possible", a dit un porte-parole de la diplomatie américaine.
Rappel des faits
Grâce à la video-surveillance et aux témoignages, les enquêteurs ont établi une chronologie précise des événements. Alors qu'une première explosion s'est produite à 21h20 aux abords du stade de France, trois fusillades ont éclaté dans Paris, dans plusieurs rues des 10e et 11e arrondissements. Les mêmes ont-ils frappé successivement avant d'achever leur carnage au Bataclan, où ils sont morts après avoir tué au moins 82 personnes? Cela permettrait d'exclure que des assaillants aient pris la fuite. "A priori", ce n'est pas le cas, disent des sources policières et proches du dossier, sans l'exclure définitivement.
Bilan au Bataclan: au moins 82 morts
Au Bataclan, boulevard Voltaire (XIe arrondissement), où se déroulait un concert de rock avec 1500 spectateurs, plusieurs hommes armés, à visage découvert, ont ouvert le feu dans la salle de spectacles en criant "Allah Akbar", selon un témoin, lors d'une prise d'otages de près de trois heures. Au moins 82 personnes sont mortes. "Je les ai clairement entendus dire aux otages 'C'est la faute de Hollande, c'est la faute de votre président, il n'a pas à intervenir en Syrie'. Ils ont aussi parlé de l'Irak", a raconté par ailleurs à l'AFP Pierre Janaszak, 35 ans, animateur radio et TV qui se trouvait dans la salle.
L'assaut a été lancé par la police peu avant 00H30 et s'est terminé vers 01H00. Les quatres assaillants sont morts, dont trois en actionnant leur ceinture d'explosifs.
Bilan au stade de France: 1 mort
L'attaque s'est produite vers 21H20 au Stade de France, au nord de Paris, où trois explosions ont retenti autour de l'enceinte sportive pendant le match amical France-Allemagne, devant 80.000 spectateurs. Une personne est morte, ainsi que trois kamikazes. Deux explosions ont eu lieu rue Jules-Rimet, à Saint-Denis. La troisième a eu lieu à La-Plaine-Saint-Denis, près d'un restaurant McDonald's, également à proximité du stade.
François Hollande, sur place pour le match de football, a été immédiatement évacué, alors que les entrées et sorties du stade ont été aussitôt bouclées. Le match s'est poursuivi jusqu'au bout, et le public a finalement été évacué dans un calme relatif.
Bilan à la rue de Charonne: au moins 18 morts
A l'est du XIè arrondissement, rue de Charonne, 18 personnes ont péri dans une scène de guerre. Un homme dit avoir entendu des tirs pendant "deux, trois minutes", "des rafales". "J'ai vu plusieurs corps à terre, ensanglantés. Je ne sais pas s'ils étaient morts", lâche-t-il. Selon lui, un café et un restaurant japonais ont été la cible des tirs, juste en face du foyer Palais de la femme.
Bilan à la rue Alibert: au moins 12 morts
Dans le Xe arrondissement voisin, une fusillade a éclaté à l'angle des rues Bichat et Alibert, sur la terrasse du restaurant Le Petit Cambodge. Bilan: au moins douze morts. "C'était surréaliste, tout le monde était à terre, personne ne bougeait", a relaté une femme. "C'était très calme, les gens ne comprenaient pas ce qui se passait. Une fille était portée par un jeune homme dans ses bras. Elle avait l'air morte", a-t-elle ajouté.
Bilan à la rue de la Fontaine au roi: au moins 5 morts
A quelques centaines de mètres, rue de la Fontaine au roi (XIe arrondissement), à proximité de la place de la République, la terrasse d'une pizzeria, La Casa Nostra, est visée. Cinq personnes ont été abattues, par plusieurs rafales d'une "mitrailleuse automatique", selon Mathieu, 35 ans. "Il y a avait au moins cinq morts autour de moi, d'autres dans la rue, du sang partout. J'ai eu beaucoup de chance". Un autre témoin raconte qu'il "a vu une Ford Focus noire qui tirait, puis plusieurs douilles par terre".
Bilan au boulevard Voltaire: le kamikaze est mort
Une attaque a également eu lieu boulevard Voltaire, de l'autre côté de la place de la République. Le kamikaze est mort. Sur la carte au-dessous de l'article, vous pouvez voir que les lieux sont proches les uns des autres.
État d'urgence décrété et frontières fermées
Vers minuit, le même président de le République française François Hollande a décrété l'état d'urgence sur l'ensemble du territoire français ainsi que la fermeture des frontières après des attaques terroristes ce soir à Paris.
"Une terrible épreuve nous assaille. Nous savons d'où elle vient", a déclaré le président. Il a appelé le peuple français à faire preuve d'unité et de sang-froid. Face à la terreur, il a appelé chacun à la responsabilité. "Les terroristes veulent nous faire peur et nous saisir d'effroi", a déclaré François Hollande en indiquant que face à l'effroi, il fallait montrer une nation forte et ferme qui sait se défendre et qui saurait vaincre face aux terroristes.
Trois jours de deuil national et hommages anonymes à la République
Une minute de silence sera observée lundi à midi (11h00 GMT, 12h00 heure locale et belge) partout en France, où les drapeaux vont également être mis en berne en hommage aux victimes des attentats meurtriers de Paris, a-t-on appris auprès des services du Premier ministre français. Ces décisions, ainsi que la confirmation du deuil national de trois jours -samedi, dimanche, lundi- annoncé par le président français François Hollande, figurent dans une circulaire signée samedi à midi par le Premier ministre Manuel Valls, selon son entourage.
Plusieurs dizaines de personnes étaient rassemblées samedi à la mi-journée place de la République à Paris pour se recueillir, "réfléchir" et "pleurer" les morts des attaques de la veille, malgré l'interdiction de manifester décrétée par la préfecture de police de Paris.
La mine souvent grave, les yeux parfois embués de larmes, ces anonymes affluaient au centre de la célèbre place parisienne pour se recueillir quelques minutes, allumer des bougies et de l'encens, ou déposer furtivement des fleurs au pied de la statue de bronze, devenue un symbole de la mémoire nationale post-Charlie, ont constaté des journalistes de l'AFP.
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