Les troupes du régime syrien ont encore gagné du terrain face au groupe Etat islamique dans le centre de la Syrie après la reconquête de la ville antique de Palmyre désertée par ses habitants. A Genève, quelque 90 pays sont attendus mercredi à une conférence parrainée par l'ONU consacrée à l'accueil des réfugiés syriens, avec l'espoir que certains prennent des mesures concrètes pour leur ouvrir leurs portes. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon, doit prononce le discours d'ouverture de la conférence.
Le "plus grand espoir" du peuple syrien était que le régime du président Bachar al-Assad cesse de le "tyranniser"
Le ministre syrien de la Défense, Fahed al-Freij, a qualifié la reprise de Palmyre, surnommée "la perle du désert", d'étape essentielle en vue de la "victoire finale" contre l'EI, qui contrôle toujours de vastes territoires dans le pays. Les Occidentaux, pour leur part, ont réagi avec réserve à cet important développement. Les Etats-Unis ont estimé mardi que l'éviction de l'EI de Palmyre était une "bonne chose" tout en affirmant que le "plus grand espoir" du peuple syrien était que le régime du président Bachar al-Assad cesse de le "tyranniser". De même, la France a déclaré qu'il ne fallait "pas se plaindre" que l'EI ait été chassé de Palmyre par le régime, tout en estimant que cette victoire n'exonérait pas Damas de ses responsabilités dans le conflit qui déchire la Syrie depuis cinq ans.
De violents combats se poursuivaient entre forces prorégime et jihadistes aux environs d'Al-Qaryatayn
Fort de son plus important succès face à l'EI, forgé avec les forces de l'allié russe et des milices prorégime, le pouvoir veut sécuriser Palmyre pour éviter une contre-offensive des jihadistes qui l'ont contrôlée pendant près de dix mois. Mardi, de violents combats se poursuivaient entre forces prorégime et jihadistes aux environs d'Al-Qaryatayn, une localité à majorité sunnite située à 120 km à l'ouest de Palmyre tenue par l'EI, selon une ONG, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Cherchant à renforcer ses positions dans la province centrale de Homs, l'armée s'est emparée avant l'aube de collines surplombant Al-Qaryatayn, qui comptait une minorité chrétienne et avait été la cible en 2015 d'enlèvements menés par l'EI qui y avait aussi détruit un monastère. Les troupes loyalistes veulent aussi reprendre Sokhné, à l'est de Palmyre, et où se sont retranchés des jihadistes, selon une source militaire. Si le régime s'emparait de Sokhné, il serait aux portes de la province pétrolière de Deir Ezzor (est), contrôlée en grande partie par l'EI. Et au cas où il s'emparerait d'Al-Koum au nord de Palmyre, il arriverait à la lisière de Raqa, principal fief du groupe jihadiste.
Ville fantôme
Dans Palmyre, les quartiers résidentiels ressemblent à une ville fantôme, la quasi-totalité des habitants ayant fui les bombardements avant sa reprise par l'armée. Le site vieux de 2.000 ans porte les stigmates des ravages de l'EI, qui a détruit deux de ses plus beaux temples, son Arc de triomphe et des tours funéraires. "Cinq ans seront nécessaires" pour réhabiliter les monuments endommagés ou détruits de cette cité antique classée au patrimoine mondial de l'Humanité, selon le chef des Antiquités syriennes, Maamoun Abdelkarim.
Des demineurs au travail
Les troupes du régime s'emploient à désamorcer les mines et bombes laissées par les jihadistes. Un premier groupe de démineurs russes est parti mardi matin pour Palmyre, selon un média russe. Les forces prorégime concentrent leur combat contre le groupe jihadiste à la faveur d'une trêve avec les rebelles syriens entrée en vigueur il y a plus d'un mois et initiée par la Russie et les Etats-Unis.
Cette trêve a permis la tenue, du 14 au 24 mars, de négociations indirectes à Genève entre le régime et l'opposition qui doivent reprendre en avril, aux alentours du 9 ou du 10 selon l'ONU. Dans une interview de l'agence de presse officielle russe Ria-Novosti à paraître prochainement, le président Assad a assuré que "le soutien militaire russe (...) et les succès militaires de l'armée syrienne (...) allaient conduire à un règlement politique, et pas le contraire". Déclenchée en 2011, la révolte en Syrie contre le régime Assad s'est muée en une guerre dévastatrice aux multiples intervenants, qui a fait plus de 270.000 morts et chassé la moitié de la population de ses foyers.
Après sa victoire à Palmyre, le régime syrien continue à gagner du terrain face à l'EI
Publié le 30 mars 2016 à 08h29
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