Des milliers de personnes ont été contraintes mardi de trouver refuge sur des plages du sud-est de l'Australie pour échapper aux violents incendies qui ravagent cette région très touristique. Quelque 4.000 vacanciers et habitants se sont retrouvés pris au piège sur la laisse de mer de la cité balnéaire de Mallacoota.
Sur une bande côtière d'environ 200 kilomètres, nombre de personnes n'ont pas eu d'autre choix que de se rendre sur les plages pour échapper aux incendies qui encerclent cette ville du littoral.
"Il y a des incendies partout - des braises volent dans toutes les rues", rapporte le copropriétaire d'un supermarché local Robert Phillips à l'agence de presse Reuters. "Il y a beaucoup d'enfants ici qui ne peuvent pas respirer correctement". La ville est coupée du monde extérieur. Lui héberge environ 45 personnes dans son magasin. D'autres ont fui vers le port de la ville. Sur les médias sociaux circulent des photos prises par ceux qui sont toujours coincés sur place: on y voit un ciel rouge sang et une épaisse fumée entourant des touristes couchés côte à côte sur la plage, certains portant des masques de protection.
Mallacoota est un village côtier du Gippsland dans l'État de Victoria en Australie à 523 kilomètres à l'est de Melbourne et à 526 au sud de Sydney. Il se situe juste avant la frontière avant la Nouvelle-Galles du Sud. Le chef de l'agence d'intervention d'urgence du Victoria Andrew Crisp, a déclaré qu'environ 4.000 personnes cherchaient à s'abriter des flammes sur la plage de ce village. Parmi elles figure Mark Tregella, un policier à la retraite qui a entassé ses biens les plus précieux dans sa caravane avant de se réfugier sur le parking bondé près de la rampe de mise à l'eau. Selon lui, l'ampleur de la menace est incroyable, les mesures d'évacuation sont sans précédent. Il dit avoir entendu une douzaine de bouteilles de gaz exploser toute la matinée. En Australie, le gaz provenant de bouteilles montées sur les murs extérieurs des maisons est utilisé pour la cuisine et pour chauffer l'eau.
L'animatrice de radio locale Francesca Winterson, qui s'est réfugiée dans un immeuble de la rue principale de Mallacoota, a déclaré à la chaîne ABC que les sirènes sont accompagnées d'annonces par haut-parleurs dans toute la ville avertissant les gens de se réfugier immédiatement. "C'est absolument terrible en ce moment", raconte-t-elle. "Les vents sont violents, le ciel rouge et plein de poussière, une âcre fumée nous entoure et des braises tombent sur la ville. Et nous sommes complètement isolés".
Certains habitants ont fui vers le large à bord de leurs bateaux, tentant ainsi d'échapper à l'une des pires journées jamais enregistrées depuis le début en septembre de ces feux dévastateurs.
Des dizaines de biens auraient été détruits depuis lundi et au moins sept personnes sont portées disparues dans les Etats de Nouvelle-Galles du Sud et de Victoria, situés au sud-est de l'Australie.
Dans certaines régions, les incendies sont si intenses, la fumée si épaisse et les feux provoqués par la foudre si violents que les reconnaissances aériennes et les interventions de bombardiers d'eau ont dû être interrompues, ont indiqué les pompiers en charge des zones rurales de Nouvelle-Galles du Sud.
A Mallacoota, plongée dans la pénombre, les autorités ont expliqué que ces incendies étaient la conséquence de violents orages et d'un "accès de braises".
L'océan en dernier recours
Ces derniers jours, les autorités n'ont cessé d'alerter les quelque 30.000 touristes venus passer leurs vacances d'été dans la région, les incitant à quitter cette zone qui fait partie des centaines actuellement ravagées par des feux à travers l'immense île-continent.
"Nous avons trois équipes d'intervention à Mallacoota qui vont prendre soin des 4.000 personnes sur la plage là-bas", a expliqué M. Crisp, qui s'est dit "très inquiet pour ce groupe qui se retrouve isolé".
Des préparatifs seraient en cours afin de procéder, en cas de besoin, à une évacuation par voie maritime ou terrestre.
Sur les réseaux sociaux, les habitants ont affirmé avoir préventivement enfilé des gilets de sauvetage au cas où ils seraient obligés de se réfugier dans l'eau pour échapper aux flammes.
Dans certaines régions ravagées par les feux, les températures peuvent atteindre des centaines de degrés, tuant toute personne se trouvant à proximité avant même que les flammes ne les atteignent. L'océan est "leur dernier recours", selon les services d'urgence de l'Etat de Victoria.
La journaliste Francesca Winterson, a raconté comment elle a vu l'incendie se rapprocher de la ville et de sa maison alors qu'elle tentait de diffuser des messages d'alerte au milieu d'une coupure d'électricité. "Je préfère être en vie plutôt que d'avoir une maison", a-t-elle affirmé à la radio ABC Gippsland.
Sydney dans un nuage toxique
Des feux sans précédent ravagent l'Australie depuis septembre mais depuis lundi, une hausse des températures et des vents forts les ont attisés. Ils se sont approchés de villes comme Sydney et Melbourne, qui comptent plusieurs millions d'habitants.
Lundi, environ 100.000 personnes ont dû fuir cinq banlieues de Melbourne en raison de l'avancée des incendies. Un pompier volontaire est décédé et deux autres ont été brûlés en intervenant en Nouvelle-Galles du Sud. Au total onze personnes sont mortes depuis le début en septembre des incendies qui ont détruit un millier de maisons et plus de trois millions d'hectares, soit une superficie plus grande que la Belgique.
L'Australie est habituée aux feux de forêts lors de l'été austral, mais cette année, ils ont été particulièrement précoces et violents en raison d'une période de sécheresse prolongée. Des scientifiques pointent les conséquences du réchauffement climatique.
Lundi, dans l'Etat d'Australie Occidentale, les températures ont atteint 47°C. Elles ont dépassé 40°C à travers tout le territoire.
Le Premier ministre conservateur Scott Morrison a admis tardivement un lien entre ces incendies et le changement climatique mais s'est refusé à revenir sur sa politique favorable à l'industrie minière du charbon.
Sydney était enveloppée mardi d'un épais nuage de fumée toxique liée aux incendies.
Les autorités municipales ont cependant décidé de maintenir le feu d'artifice du Nouvel An qui a été annulé à Canberra et dans différentes villes.
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