Le nouveau plan d'accueil des migrants fait déjà grincer des dents. A Tournai, l'ancienne caserne accueillera entre 450 et 790 demandeurs d'asile. Le bourgmestre de la ville s'en inquiète. Pour lui, cela va créer un sentiment d'insécurité dans le quartier.
L'ancienne caserne militaire Saint-Jean à Tournai a été choisie jeudi par le gouvernement fédéral comme futur lieu d'accueil pour demandeurs d'asile, une décision qui a suscité des réactions politiques contrastées dans la ville. La ministre Marie-Christine Marghem (MR) soutient le choix du gouvernement alors que le député fédéral Paul-Olivier Delannois (PS) s'oppose à toute concentration massive dans des centres d'accueil.
"C'est un geste élémentaire d'humanité et de solidarité"
Ministre de l'Energie mais aussi première échevine de la cité des Cinq clochers, Mme Marghem a accepté que l'ancienne caserne militaire devienne un centre d'accueil pour de 450 à 790 demandeurs d'asile dans les prochaines semaines. "C'est un geste élémentaire d'humanité et de solidarité pour faire face à une situation critique de l'asile en Europe. Cette décision s'inscrit dans la droite ligne de l'ambition de la Ville de Tournai d'être la capitale du partenariat Nord-Sud", a-t-elle souligné dans un communiqué.
Une solution temporaire
Toutefois, Mme Marghem a souhaité s'assurer que toutes les dispositions soient prises pour que cette arrivée se déroule le mieux possible pour les demandeurs d'asile ainsi que pour les Tournaisiens. "Mobiliser la caserne Saint-Jean comme lieu d'accueil est une solution temporaire pour faire face à l'urgence. Le gouvernement évaluera constamment la situation sur le terrain. C'est une condition sine qua non avant d'envisager l'arrivée de demandeurs supplémentaires. J'ai également demandé que cela ne pénalise pas le travail du CPAS de Tournai, déjà lourdement mis à l'épreuve récemment. Enfin, j'ai eu l'assurance que cela ne mettrait pas en péril l'application du plan grand froid cet hiver puisque la Caserne Saint-Jean reçoit chaque année un nombre important de sans-abri", a ajouté la ministre.
"Cette forte concentration risque de créer un sentiment d'insécurité"
Le député fédéral et bourgmestre faisant fonction de Tournai, Paul-Olivier Delannois (PS), s'est dit opposé au fait de concentrer un nombre important de réfugiés à un même endroit. "Cette forte concentration risque de créer un sentiment d'insécurité. De plus, je crains que cette mesure ne soit idéale pour aider au mieux les réfugiés", a-t-il dit.
Le député craint qu'une concentration de plusieurs centaines de réfugiés dans l'ancienne caserne Saint-Jean entraine une augmentation du racisme dans la société belge et dans sa ville en particulier. Mais avant de faire avaliser sa décision par le gouvernement, le secrétaire d'Etat à l'Asile et aux Migrations, Théo Francken (NVA) l'a informé mais ne lui a pas demandé son avis, a assuré M. Delannois.
Répartir les réfugiés parmi les 589 communes belges?
Paul-Olivier Delannois suggère plutôt l'accueil d'un plus petit nombre de réfugiés dans chacune des 589 communes belges. "Cette répartition des personnes réfugiées permettrait à chaque ville de mieux se préparer à cet accueil. Elle pourrait, par exemple, leur proposer une aide sociale correcte et mieux organisée et la population pourrait être un moteur d'intégration", a-t-il ajouté.
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