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Procès Valentin: "Il m'a demandé si, quand tout ceci serait fini, il ne pourrait pas entrer dans la police", raconte un policier

Procès Valentin: "Il m'a demandé si, quand tout ceci serait fini, il ne pourrait pas entrer dans la police", raconte un policier
 
 

La mère d'Alexandre Hart, principal accusé de l'assassinat de Valentin Vermeesch, a été entendue mercredi matin devant la cour d'assises de Liège. Elle a dressé le portrait d'un enfant hyperactif, qui était devenu violent et qui vivait dans un monde imaginaire.

Valentin Vermeesch, un Hutois âgé de 18 ans souffrant d'un léger handicap mental, avait été tué la nuit du 26 au 27 mars 2017 à Statte (Huy). Il avait subi une très longue scène de violences et de tortures avant d'être précipité dans la Meuse, où il s'était noyé, les mains menottées dans le dos.

Alexandre Hart avait tendance à se vanter de manière négative 

Alexandre Hart avait tendance à se vanter de manière négative, ont affirmé mercredi des témoins devant la cour d'assises de Liège, au procès des cinq accusés de l'assassinat de Valentin Vermeesch. L'accusé utilisait la manipulation pour que les autres s'apitoient sur son sort. Alexandre Hart avait suivi des cycles de formation à l'Institut wallon de formation en alternance et des indépendants et petites et moyennes entreprises (IFAPME). Ses professeurs ont relevé qu'il ne leur avait pas posé de problèmes disciplinaires et qu'il ne s'était pas montré grossier et vulgaire. Alexandre Hart semblait très seul, isolé et délaissé par sa famille.L'accusé présentait la particularité de parler de lui dans un sens très négatif. Son discours était interpellant car il se vantait en utilisant des éléments en sa défaveur. Cette attitude a été cernée comme une tendance à la manipulation afin que les professeurs s'apitoient sur son sort.

"Sur le fil"

Un professeur de construction de l'Ecole Polytechnique de Huy a témoigné de l'indiscipline d'Alexandre Hart. "C'est un élève qui pouvait sortir du cours à sa guise, parce qu'il n'avait pas envie de travailler ou de faire ce qu'on lui demandait. Il était dans sa bulle et passait ses journées à l'école, sans plus. Il n'avait pas l'air d'être juste dans sa tête", a soutenu le témoin. Engagé comme apprenti chez un entrepreneur, Alexandre Hart y a montré de la bonne volonté durant sept mois. Il se comportait bien, était courageux et avait envie d'apprendre. Ses mauvaises fréquentations ainsi que ses consommations d'alcool et de stupéfiants ont fait décliner sa rentabilité. Il a été remercié pour ces raisons.Le policier qui a réalisé l'enquête de moralité d'Alexandre Hart a exposé que le centre PMS de Huy le décrivait déjà durant ses études comme un garçon violent et dangereux. "Il n'était jamais passé à l'acte mais il était toujours sur le fil", avaient relevé les psychologues.

"Saigné comme un goret"

Alexandre Hart avait aussi tenu des paroles déplacées à la suite de faits dramatique. Après l'accident lors duquel il avait blessé son frère à la joue avec une tronçonneuse, il avait déclaré que son frère avait "saigné comme un goret", et que c'était "magnifique". L'accusé a aussi prétendu avoir assisté à un accident mortel qui s'était déroulé au Rallye du Condroz. Il avait décrit ces faits de manière très détaillée. "C'est exceptionnel d'assister à de tels fais et de voir un corps désarticulé tourner dans les airs", avait-il commenté. L'enquêteur a également signalé un fait anecdotique qui s'est déroulé après un interrogatoire. Alors que le policier le reconduisait à la prison de Lantin, Alexandre Hart avait manifesté son intérêt pour la police. "Il m'a demandé si, quand tout ceci serait fini, il ne pourrait pas entrer dans la police", a rapporté le policier. Les témoins de moralité de Belinda Donnay seront entendus jeudi matin

La mère d'Alexandre Hart, également présente, a livré devant le jury les premières informations relatives à sa personnalité. Elle a exposé que son fils était un bébé très facile mais qu'il est devenu jaloux à la naissance de son frère.

"Rejeté" par son père

Dès l'école maternelle, il était renfermé sur lui-même. Un pédopsychiatre avait confirmé son hyperactivité. Dès l'école primaire, Alexandre Hart avait reçu une médication pour être calmé. Très fusionnel avec sa mère, Alexandre Hart n'a jamais su couper le cordon avec elle. Mais il se sentait rejeté par son père qui lui donnait régulièrement la fessée. Ce père ne s'occupait pas de ses études et venait vers lui uniquement pour le gronder. Alexandre Hart ne comprenait pas pourquoi son père le fessait et il n'a jamais obtenu d'explications. Durant sa jeunesse, la mère d'Alexandre Hart a découvert ses attitudes étranges.

"Il était comme déconnecté, comme s'il était dans un jeu vidéo. Il n'avait pas la notion du réel. Nous l'avons orienté vers des activités sportives mais cela n'a servi à rien. Il n'osait pas s'exprimer. Il a trop été influencé par les jeux vidéo. Au décès de sa grand-mère, qui était proche de lui, il n'a pas pleuré. Il ne voulait pas montrer ses sentiments. Il est toujours resté dans son monde imaginaire, dans une bulle, dans un cocon", a raconté la mère de l'accusé.

Il a connu son premier coma éthylique à l'âge de 14 ans.

De grande quantité de vodka

Toujours rabaissé par les autres, Alexandre Hart voulait se montrer. Un accident a marqué un tournant dans sa vie lorsqu'il a blessé son frère avec une tronçonneuse. Dès cette époque, il s'est promis de ne plus être rabaissé. Alexandre Hart a commencé à faire de bêtises et à consommer de l'alcool. "Il consommait parfois une bouteille de vodka avant d'aller à l'école et il a connu son premier coma éthylique à l'âge de 14 ans", a confirmé la mère. Alexandre Hart a toujours été suivi par un pédopsychiatre. Il a été hospitalisé en psychiatrie en 2012 à Bertrix. Il a aussi été placé dans un centre pour solutionner ses problèmes d'alcool. Vers 17 ans, il a connu ses premières consommations de stupéfiants. Le tribunal de la jeunesse est intervenu car Alexandre Hart est devenu plus agressif avec la consommation de drogue. En décembre 2015, il a volé sa mère et a menacé de mettre le feu à sa maison.

"Il a tendance à narguer et à sourire dans les moments de tension. Alexandre ne veut pas montrer ses faiblesses. Il préfère sourire plutôt que de montrer qu'il a mal ou qu'il souffre. Il a besoin d'être important et de servir à quelqu'un. Cette place, il ne l'avait pas chez nous", a confirmé la mère.

J'ai l'impression que ce qui est arrivé est de ma faute, car je l'ai trop couvé.

Selon la mère de l'accusé, la relation qu'Alexandre Hart a nouée avec Belinda Donnay s'est inscrite dans la continuité de la relation fusionnelle qu'il avait avec sa mère.Belinda Donnay était apparue comme complémentaire. Elle était la seule à savoir le calmer et elle s'en vantait. La mère d'Alexandre Hart l'a résumé comme un enfant hypersensible, gentil, serviable et poli jusque ses 13 ans mais devenu violent sous l'influence de l'alcool. Alexandre Hart n'était pas valorisé chez lui et n'a pas pu acquérir la confiance. "J'ai l'impression que ce qui est arrivé est de ma faute, car je l'ai trop couvé. C'est dur d'aimer son enfant, de savoir ce qu'il a fait et de ne pas avoir su l'aider", a ajouté le témoin. 


 

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