Le comptage effectué par la Fédération Wallonie-Bruxelles sera défavorable à cette petite école. Les parents redoutent le groupement des classes de tout petits avec les plus grands de maternelle, mais cela semble inéluctable.
L'inquiétude règne en ce mois de rentrée scolaire dans une petite école maternelle et primaire de Strépy-Bracquegnies dans la commune de La Louvière.
"L’école du Coron d’en Haut a besoin de vous: il manque un élève en maternelle, au risque qu’un mi-temps soit retiré et donc que les classes doivent fusionner", nous a écrit Camille, maman d’Arthur (1e primaire) et Charlie (classe accueil), via le bouton orange Alertez-nous.
Dans cet établissement, que les parents ont choisi pour son atmosphère familiale et ses petites classes, deux enseignantes prennent en charge les 25 enfants de maternelle. Madame Cécile s'occupe des plus grands : les 3e maternelle, et les 2e à mi-temps. Madame Stéphanie a quant à elle la classe des 1e et accueil, ainsi que les 2e, l'autre moitié du temps.
"Et ça se passe très bien comme ça. C'est une bonne organisation", commente Angela, maman de Lenny (1e primaire) et Alyssa (2e maternelle).
25 élèves = 1,5 emploi
Mais pour que cette situation, jugée idéale par les mamans, perdure, il faudrait un 26e élève en maternelle. C'est ce que prévoient les règles relatives au calcul de l’encadrement, déterminées par le décret du 13 juillet 1998 portant sur l'organisation de l'enseignement maternel et primaire ordinaire.
"L’encadrement maternel est déterminé sur base d’un système de normes définissant le nombre d’emplois maternels octroyés par école ou implantation à comptage séparé (implantation située à au moins 2km de toute autre implantation de la même école et du même niveau)", précise l'administration. En l'occurrence, entre 20 et 25 élèves, un temps plein et demi est prévu, et de 26 à 30 élèves, deux enseignants travaillent à temps plein.
Comptage le 30 septembre
À plusieurs reprises pendant l'année scolaire, le Ministère de l'Éducation procède à un comptage du nombre d'élève. Le premier a lieu le 30 septembre et risque fort d'être défavorable à l'école du Coron. "Il manque un élève en maternelle, au risque qu’un mi-temps soit retiré et donc que les classes doivent fusionner", nous explique Camille.
"Les chefs d’établissement disposent de 10 jours pour communiquer par voie électronique le nombre d’élèves inscrits à la date du 30 septembre dans chacune de leurs implantations scolaires, apprend-t-on dans le dossier de rentrée de l'Administration générale de l'Enseignement. Une vérification est ensuite opérée par le Service de la vérification de la population scolaire, tout au long du premier semestre (jusqu’au comptage suivant du 15 janvier)."
Un enfant malade pas comptabilisé
En réalité, ils sont bien 26 inscrits au départ mais, pour des raisons médicales, l'un des élèves ne peut fréquenter l'école de manière assez régulière que pour être comptabilisé.
"Un enfant était normalement prévu mais il ne peut pas venir pour le moment pour des raisons de santé. Et les certificats médicaux ne sont pas pris en compte par le vérificateur", explique Camille. Ce que nous confirme l'Administration.
Pour être comptabilisé, un enfant doit fréquenter l'école au moins 8 demi-jours sur le mois. Ce qui n'est pas le cas de cet élève en septembre.
"Pour qu’un élève soit considéré comme régulièrement inscrit, il doit être âgé d’au moins 2 ans et 6 mois au 30 septembre, et comptabiliser au moins 8 demi-jours de présence effective répartis sur 8 jours sur le mois de septembre, pour autant que son inscription n’ait pas été retirée au cours du mois de septembre", précise encore l'Administration.
Le nombre sera atteint lors du recomptage de janvier mais trop tard pour madame Stéphanie
Cet établissement perd donc un mi-temps : celui de madame Stéphanie, qui s'occupe des plus petits.
Le comble, c'est que dans quelques semaines, ils auront leurs 26 élèves. "Un recomptage a lieu en janvier et le nombre d'élève sera alors atteint puisque des enfants entrent en classe accueil début 2020, ajoute Camille. Un mi-temps sera donc remis à ce moment-là. Mais comme madame Stéphanie est nommée, ils la recasent tout de suite dans une autre école, ce ne sera donc pas elle qui reviendra en janvier. C'est vraiment bête : ces enfants sont pré-inscrits".
Ce que la direction de l'école nous confirme. Mais à l'heure du comptage, ces enfants n'ont pas l'âge requis pour entre en ligne de compte, et ne fréquentent pas encore l'école.
4 augmentations de cadre maternel sont prévues en cours d’année : à chaque fois le 11ème jour de classe qui suit les congés scolaires. L’encadrement peut donc être revu à la hausse jusqu’au 30 juin de l’année scolaire en cours. Un second comptage a d'ailleurs lieu le 15 janvier : le calcul est fait sur base du nombre d'élèves régulièrement inscrits à cette date.
"On s'est mobilisés"
Les parents des élèves de maternelles de l'école du Coron d'en haut ont tout fait pour sauver le mi-temps de madame Stéphanie, mais sans succès.
"Tout le monde est inquiet, soudés, on a essayé de faire bouger les choses pour trouver un enfant. On s'est mobilisés sur les réseaux sociaux, on a distribué des petits feuillets chez les commerçants", explique Angela.
Si cela leur tient tant à cœur de garder madame Stéphanie à temps plein, c'est surtout par crainte que pendant la moitié du temps scolaire, l'autre institutrice va se retrouver seule avec 25 élèves, allant de 2,5 ans pour les plus petits à 5, 5 ans pour les plus grands.
"Ils sont fort attachés à leur institutrice"
"Ce n'est pas favorable pour les enfants qui se préparent à la primaire. Elle est soutenue par la puéricultrice mais c'est tout de même compliqué avec des tout petits à côté", note Camille. "À cet âge-là, ils sont fort attachés à leur institutrice et même si madame Cécile est super, ils aiment beaucoup madame Stéphanie, chez qui ils n'iront plus qu'à mi-temps", ajoute Angela.
Les deux mamans, tout comme la directrice, déplorent cette situation qu'on retrouve généralement dans les petites écoles de village de ce type.
"C'est bien triste que cette école soit ainsi pénalisée! Nous avons la chance que les institutrices s’investissent énormément dans l’école, en mettant en place des projets comme la mise en place d’un potager et d’un poulailler, la construction d’une yourte", conclut Camille.
Malgré tous les efforts déployés par les parents d'élèves et le corps enseignant de l'école du Coron d'en haut, depuis le 22 septembre, puisqu'il faut qu'un élève fréquente l'école au moins 8 demi-jours, il n'y a plus rien à faire pour sauver ce mi-temps.
Une situation que ces deux mamans regrettent, elles qui apprécient justement le côté "familial" d'une petit école comme celle-là.
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