Depuis 12 ans, la Donnerie Jemeppoise aide les plus démunis de la commune de Jemeppe-Sur-Sambre (Province de Namur). Aujourd’hui, ce projet porté par Malou Ravet est en danger. Plusieurs messages nous sont parvenus via le bouton orange Alertez-nous : le nouveau gérant du hangar qui abrite la Donnerie réclame un loyer de 1500 euros dès janvier. Une somme que les bénévoles ne pourront pas payer: y a-t-il des solutions ?
Marie-Louise Ravet, qui se fait appeler Malou, a lancé la Donnerie Jemeppoise il y a tout juste 12 ans. Après avoir vécu elle-même quelque temps dans la rue, elle s'est rendu compte de la bonté de ceux qui ont le moins. Les sans-abris lui sont venus en aide, et lui ont donné toutes les ficelles pour survivre. "Quand je me suis retrouvée dans la rue, je me suis promis d’aider ceux qui en ont besoin si j'en sortais", explique Malou. Elle a donc décidé de leur rendre la pareille en créant sa donnerie, aujourd’hui très fréquentée.
C'est quoi, une donnerie ?
La Donnerie Jemeppoise de Malou propose gratuitement aux démunis des vêtements, meubles, appareils électroniques, vaisselles ou encore de la décoration. L’objectif est de lutter contre le gaspillage et contre la pauvreté. Un système gagnant-gagnant, où chacun peut venir donner des choses dont il n’a plus besoin pour permettre aux personnes défavorisées de s’équiper. L’aventure a commencé dans son garage, où elle a accumulé les donations. Débordée, elle s’est entourée de bénévoles qui l’ont aidée à collecter, distribuer et stocker toutes ces affaires. Finalement, à l’issue d’une longue bataille, elle a obtenu un hangar dans le zoning industriel Jemeppe 2000, fin 2017. Ce projet lui prend aujourd’hui tout son temps, mais elle tient bon : "C’est plus fort que moi, quand je vois des gens dans le besoin, il faut que je les aide".
Malou qui récupère, trie, donne... (D.R.)
L’avenir de la Donnerie incertain
Pourtant, alors qu’il reçoit la visite mensuelle de 1000 personnes, cet endroit bien connu dans la province de Namur est aujourd’hui dans l’incertitude. Un nouveau gérant ayant pris les rênes du zoning, la Donnerie Jemeppoise va devoir payer un loyer de 1500 euros dès janvier, alors qu’il ne génère aucun revenu. "Avec cette crise sanitaire s'est installée une crise sociale hors du commun et si la Donnerie ferme, des centaines de familles se retrouveront encore plus dans la précarité et l'isolement social", nous a d'ailleurs écrit un bénévole via le bouton Alertez-nous.
Un coup de massue, tant pour les bénévoles que pour les familles dépendantes du projet de Malou : "Lorsque j’ai appris la nouvelle, j’ai été dans une rage incroyable", nous explique Isabelle, bénévole depuis quatre ans. Pour l’équipe d’une dizaine de personnes qui travaille régulièrement à la Donnerie, le moral n’y est pas. "On est plutôt stressés, parce que si on ne trouve pas une solution d’ici janvier, on va devoir tout arrêter". Il faut dire que ce n’est pas la première fois que le projet de Malou se voit en danger. En 2020 déjà, la Donnerie s’inquiétait de devoir quitter son hangar en novembre. Finalement, après un arrangement avec le propriétaire, le bail a été prolongé jusqu’en août 2021, à condition de passer d’un hangar à un autre. Aujourd’hui l’occupation du hangar étant à nouveau incertain, Malou Ravet n'en peut plus : "On en a marre, je me bats depuis quatre ans, jamais nous n’avons été tranquilles".
Vraiment utile pour Aurélien et Samantha
Aurélien et Samantha visitent depuis deux ans la Donnerie Jemeppoise. Ce couple compte sur ce centre pour subvenir à ses besoins, et à ceux de ses deux enfants : "Pour nous c’est embêtant, on dépend de cet endroit. C’est pratique, on peut aller chercher des vêtements pour l’hiver pour les enfants. C’est difficile pour eux avant nous-mêmes". Comme Aurélien et Samantha, ce sont des milliers de personnes qui sont aujourd’hui préoccupées par une potentielle fermeture de la Donnerie de Jemeppe. Le groupe Facebook La donnerie de jemeppe comptabilise d’ailleurs presque 10.000 membres. En effet le succès du projet va au-delà de la commune, les visiteurs viennent de Namur à Charleroi, et selon Malou même des Ardennes. Cette année a d’ailleurs été particulièrement fructueuse, car la Donnerie a œuvré pour aider les victimes des inondations qui ont frappé la Wallonie en juillet.
Le hangar bien rempli (D.R.)
Face à la nouvelle, la communauté qui entoure la Donnerie s’organise déjà. "J’ai été surprise de tout le soutien que l’on nous a apporté sur les réseaux sociaux", nous a confié Malou. Une pétition est d’ores et déjà en ligne, et comptabilise aujourd’hui plus de 800 signatures. De nombreuses personnes ont marqué leur soutien sur le groupe Facebook, et sont prêtes à sortir le portefeuille pour aider le projet. Une solution envisagée, mais qui n’enchante pas Malou, qui tient à la gratuité de la Donnerie. La solution privilégiée est de devenir une ASBL : "Nous y travaillons, mais ça prend du temps alors que nous sommes déjà presque en janvier". La responsable de la Donnerie espère plutôt que le loyer sera réduit, mais pour le moment, le gérant ne plie pas.
La commune réagit
Contactée par nos soins, la présidente du CPAS, Marie-France Bouckhuit a dit "comprendre la situation difficile dans laquelle Malou Ravet se trouve". Selon la commune, un contact a déjà été fait : "le dossier est déjà dans les tiroirs". Le site de Jemeppe 2000 étant privé, il n’est pas du ressort de la commune de décider du loyer. La commune, qui ne dispose pas d’un autre local, projette en revanche d’aider Malou et ses bénévoles à se structurer et à créer une ASBL, et surtout trouver une solution dans le cadre du plan de cohésion sociale.
Vos commentaires