Plusieurs agences d’intérim du centre-ville de Charleroi ont déménagé vers les zonings à l’extérieur de la ville au cours des dernières années. Ces changements de localisation handicapent certains chercheurs d’emplois, comme Dimitri, qui n’ont pas de permis de conduire ou de véhicule.
Dimitri a 33 ans et habite à Charleroi. Après quelques années à travailler comme menuisier, déménageur, inventoriste,… et un accident qui lui a laissé la rotule en morceaux, il décide en 2014 d’entamer une formation d’électricien pour se réorienter. Il termine cette formation en juin et s’en va faire le tour des agences d’intérim du centre-ville pour réactualiser son CV et ainsi mettre toutes les chances de son côté. Mais il constate rapidement que plusieurs agences ont disparu. "Je me suis vite rendu compte que la ville devenait presque morte en matière de recherche d'emploi. Cinq ou six agences d'intérim sont parties du centre pour aller se mettre à Gosselies ou encore dans le zoning de Fleurus ou encore dans celui d'Heppignies. Sur une carte de la Belgique, on se rend vite compte du trajet à effectuer avant d'atteindre une agence quelconque", nous écrit-il via notre page Alertez-nous.
"Il en reste toujours quand même une bonne dizaine"
Plusieurs agences ont en effet déménagé du centre vers des zonings à l’extérieur de Charleroi ces dernières années. Mais d’après Philippe Van Cauwenberghe, échevin des Sports, des Affaires économiques, du Commerce et des Marchés, il ne s’agit pas là d’un exode. "Il y a en effet plusieurs agences qui sont parties du centre mais il en reste toujours quand même une bonne dizaine", affirme-t-il. Il nous explique que certaines agences ont déménagé car elles souhaitaient s’agrandir: "Pour ManPower, par exemple, je peux vous dire qu’ils veulent créer un centre de logistique et que c’est plus réalisable dans un zoning. Il est évident que le développement foncier (immobilier) est plus difficile dans le centre que dans un zoning."
"Il est logique que certaines se rapprochent de viviers d’emploi"
La proximité de l’aéroport ou de grosses entreprises pourrait également expliquer le déménagement de certaines agences. "Je ne peux pas expliquer pourquoi ces agences ont bougé car je ne sais pas ce qui a motivé cette décision des différentes directions, mais il est logique que certaines se rapprochent de viviers d’emploi tels que l’aéroport à Gosselies et les grosses entreprises à Fleurus, Gosselies et Heppignies", avance encore Philippe Van Cauwenberghe.
"Mon rêve serait bêtement le permis et la voiture pour avoir plus facile à trouver un emploi"
Malheureusement, ces déménagements handicapent Dimitri dans sa recherche d’emploi car il n’a ni permis de conduire, ni véhicule qui lui permettraient de s’y rendre, ce qui limite donc le nombre d'agences dans lesquelles il a pu déposer son CV. "Si je n’ai pas mon permis, c’est parce que j’ai très vite dû m’assumer seul et qu’il m’était impossible de me payer des cours d’auto-école. Et aujourd’hui, la vie devient exorbitante certains mois et je dois calculer pour finir le mois."
Dimitri a l’impression d’être dans un cercle vicieux dont il ne parvient pas à sortir. La plupart des employeurs demandent un permis de conduire pour l’engager et il a besoin d’un emploi pour obtenir ce précieux permis. "Je désespère vraiment à trouver un travail qui ne demande pas de critères mobiles. Etant jeune, j'avais des rêves et des ambitions... Aujourd'hui, à 33 ans, mon rêve serait bêtement le permis et la voiture pour avoir plus facile à trouver un emploi et non fonder une famille comme les gens normaux", conclut le jeune homme.
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