Un restaurateur du centre-ville de Bruxelles a laissé son smartphone sur le bar sans surveillance durant deux minutes, le temps d'aller à la toilette. A son retour, il avait disparu. Son assurance à 12€ par mois l'accuse de négligence et a refusé d'intervenir.
Vu les prix sans cesse croissant des smartphones haut-de-gamme (souvent aux alentours des 700€ désormais), de nombreux acheteurs jouent la carte de la prudence et souscrivent à une assurance.
C'est le cas d'Emilian, qui s'est offert récemment un Samsung Galaxy S6 Edge (valeur initiale: 799€). Mais peu de temps après, on le lui a volé. Son assurance a refusé d'intervenir, car elle estime "qu'il y a eu une négligence", nous a expliqué ce restaurateur bruxellois, après avoir contacté la rédaction de RTL info via la page Alertez-nous.
"Je me suis absenté deux minutes et les smartphones avaient disparu"
Tout a commencé dans le restaurant d'Emilian et de son associé, qui travaille en cuisine. "C'était durant l'heure de midi, mon associé et moi étions présents dans le restaurant. Nos smartphones étaient sur le bar. Je me suis absenté deux minutes pour aller aux toilettes, et quand je suis revenu, les smartphones avaient disparu. J'avais vu une personne qui était rentrée, et elle n'était plus là ensuite, j'imagine que c'est elle qui est partie avec nos téléphones".
Emilian et son associé ont de quoi être dépités. "Il s'agissait d'un Samsung Galaxy S6 Edge et d'un iPhone 6. Nous avions acheté les GSM liés à un abonnement Mobistar, celui à 55€, durant deux ans. On a du payer chacun 300€ pour avoir le smartphone".
De précieux appareils, donc, que ces restaurateurs du centre-ville de Bruxelles avaient décidé d'assurer. "Le jour où on les a achetés, le vendeur Mobistar nous a proposé une assurance en cas de perte ou de vol, d'un montant de 12€ par mois. On l'a prise, car on trouvait ça intéressant".
Mobistar les renvoie vers l'assureur
Emilian se rend alors au commissariat pour déposer une plainte contre ce vol. "Avec le PV, on s'est rendus chez Mobistar. Ils nous ont dit qu'ils ne pouvaient rien faire eux-mêmes, à part bloquer la carte SIM. Pour l'assurance, ils nous ont juste donné un numéro à appeler".
Ce numéro, c'est celui de l'assureur, car l'opérateur ne prend pas en charge lui-même ce service. Et là, c'est la stupeur. "On a expliqué notre histoire et l'assurance nous a dit qu'elle n'interviendrait pas car il y avait eu de la négligence de notre part".
Emilian n'en revient pas. "J'étais sur mon lieu de travail, je n'avais forcément pas mon GSM en poche, il était déposé sur le bar…". Selon lui, ce n'est pas de la négligence si un intrus rentre dans un restaurant et vole un GSM rangé sur le bar.
Un contrat qu'il faut bien lire: c'est quoi, une "négligence" ?
Comme souvent, tout est une histoire de contrat signé, qui n'est pas lu entièrement, la plupart du temps. Pourtant, ces petits caractères cachent parfois des notions essentielles pour ne pas avoir la même mésaventure qu'Emilian.
Dans son cas, il aurait du faire attention aux notions de "négligence" et de "vol".
Article 1.7 des Conditions Générales de "Insurance for Mobile" de Mobistar, disponibles à cette adresse: "Négligence: (…) le fait de laisser l’Appareil assuré, sans surveillance directe et immédiate de l’Assuré, visible de l’extérieur d’un local, d’une habitation (…)".
Au niveau des fameuses 'Exclusions', soit la liste des faits qui annulent l'intervention de l'assurance, il y a un point essentiel. "Le vol autre que : le Vol par agression, le Vol par effraction, le Vol à la tire" n'est pas couvert…
Inutile donc pour Emilian de demander quelconque réparation, l'assureur se retranchera derrière le contrat signé. Mais il estime que c'est absurde. "Ce n'est pas logique, si j'avais menti à propos de ce qu'il s'est passé, on m'aurait donné un nouveau smartphone… Quand on souscrit l'assurance, le vendeur Mobistar ne vous dit pas dans quel cas vous risquez de ne pas être couvert…"
Il doit continuer à payer son assurance !
L'affaire aurait pu en rester là, et Emilian serait une victime de plus d'un vol de smartphone et d'un contrat d'assurance pointilleux. Mais ça n'est pas tout.
"Lorsqu'ils m'ont dit que l'assurance n'interviendrait pas, j'ai dit que je résiliais mon contrat. Et là, ils ont dit que l'assurance était liée à la carte SIM et que je ne pouvais pas la résilier comme ça. Je dois donc acheter un nouveau smartphone et continuer à payer l'assurance".
A nouveau, c'est inscrit dans le contrat signé par Emilian: "L’Assuré a la faculté de résilier sans frais son adhésion à tout moment, y compris pendant la première année d’adhésion sauf pendant les 6 premiers mois à compter de la date d’effet de l’adhésion".
En réalité, c'est comme pour votre voiture. Si vous faites un accident et que l'assurance n'intervient pas pour certaines raisons, vous continuez à payer l'assurance (du moins jusqu'à la fin du contrat d'un an).
Dans les conditions générales, à nouveau, on apprend que "l'adhésion est conclue pour une durée de 1 an à compter de sa date d’effet". Vous payez des mensualités mais votre assurance est annuelle…
Conclusion
La mésaventure d'Emilian, dont l'assurance à 12€ par mois n'a pas voulu intervenir alors qu'on lui a dérobé son smartphone sur son lieu de travail, nous rappelle une fois de plus qu'il faut toujours lire attentivement les contrats qu'on signe. Tant pis si vous faites perdre 10 minutes à la personne au comptoir qui a l'air pressé.
On y trouve toujours une série d'éléments qui peut conduire à une exclusion (le fait que l'assurance ne doive pas intervenir). Emilian aurait compris que le fait de laisser son smartphone sans surveillance dans son restaurant était de la "négligence" aux yeux de l'assureur. Et qu'il devait verser au moins six mensualités pour l'assurance qu'il a souscrite, peu importe le fait qu'elle n'intervienne pas…
Lisez donc les contrats. Si vous les avez perdus, il est souvent possible de retrouver les "conditions générales" sur le site de l'assureur ou de l'intermédiaire.
Mobistar, qui nous avait confié il y a quelques mois, dans un cas similaire, que l'assurance était "un service au client", devrait mieux former ces vendeurs, afin qu'ils mettent en garde les clients sur les conditions d'exclusion.
Vos commentaires