Un homme handicapé s'est retrouvé en bien mauvaise posture à la Gare du Nord à Bruxelles: il a été déposé par un taxi devant des pictogrammes qui indiquaient des ascenseurs et un accès pour les personnes à mobilité réduite. Mais ces logos n'étaient plus d'actualité: ils menaient vers une porte condamnée. Heureusement, Martine et son ami sont passés par là... Mais il a été bien difficile pour eux non seulement d'accéder à la gare, mais aussi de comprendre à qui s'adresser...
Martine nous a fait part de son indignation via la page Alertez-nous. Cette employée dans une administration, qui se déplace à vélo, accompagnait un ami à la Gare de Bruxelles-Nord la semaine dernière. En voulant se rendre vers les ascenseurs, Martine et son ami se sont retrouvés face à un cul-de-sac. Un panneau, qui indiquait pourtant un accès pour les personnes à mobilité réduite près de l’entrée de la gare, menait à cette porte vitrée condamnée, derrière laquelle des bancs ont été placés.
"Nous avons vite compris son désespoir"
Devant l’entrée attendait un homme se déplaçant à l'aide de béquilles, un peu perdu, visiblement malade, qui avait été laissé là. "Nous avons suivi les logos annonçant l'ascenseur et sommes tombés sur un monsieur malade et en détresse, s'appuyant sur sa béquille, l'air désespéré. Et nous avons vite compris son désespoir: un taximan l'avait déposé à l'endroit indiqué pour l'accès aux ascenseurs et, voyant qu'il y avait des gens pour potentiellement l'aider, l'avait laissé là", nous explique Martine.
"Il n'était pas au bout de ses peines"
Avec son ami, elle a alors décidé de prêter assistance à l’homme, qui souhaitait prendre son train malgré les difficultés qu’il éprouvait à se déplacer. "C’était un homme courageux, qui ne voulait pas se laisser abattre", commente-t-elle. Ils ont dû contourner le bâtiment pour accéder à un ascenseur. "Arrivé en haut, il n'était pas au bout de ses peines: il lui a fallu traverser une grande étendue de hall pour arriver à une banquette en marbre longeant l'accès aux quais de la STIB. Heureusement qu'on était là pour l'accompagner, pour ne pas dire presque le porter!", commente Martine.
"Ils ont commencé par dire que cette zone n'était pas de leur ressort"
Pendant que son ami tenait compagnie à la personne en détresse, elle est partie en quête d’assistance. "Je suis d'abord tombée sur trois jeunes vigiles de la STIB, à l'entrée du métro. Ils ont commencé par dire que cette zone n'était pas de leur ressort mais, quand ils ont entendu mon explication, que ce monsieur ne se sentait vraiment pas bien, ils ont gentiment entrepris de chercher leurs homologues de la SNCB pour qu'ils puissent prendre le relais. Mais ils sont vite revenus bredouilles: leurs collègues se sont contentés de dire que ce n'était pas leur boulot", explique Martine. Un agent est finalement arrivé avec une chaise roulante. Martine est son ami l’ont aidé à y installer l’homme. Il était pris en charge: elle a enfin pu le laisser et partir vaquer à ses occupations.
"On va les enlever"
Que Martine se rassure, son appel a porté ses fruits: à l’heure où nous publions cet article, les panneaux trompeurs pourraient être enlevés à tout moment. Mais contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce n’est pas à la SNCB de s’en charger. Les chemins de fer belges, tout comme la STIB, ne sont que des occupants du bâtiment "CCN", le "Centre de Communication Nord". Gérald Schinckus, son responsable, nous expliquait ce mardi qu’il avait été averti du problème. "Ces pictogrammes sont restés placés près d’une porte qui a été bloquée en raison d’un chantier futur. Demain (mercredi), on va les enlever, et les remettre proprement de l’autre côté". En effet, la zone va subir des travaux de modernisation et de mise au propre.
Un grand projet de rénovation pour 2016
Si la SNCB n’est pas compétente pour cet espace, elle nous rappelle que la Gare du Nord est tout à fait apte à accueillir les "PMR" (consulter la fiche sur le site de la SNCB), les personnes à mobilité réduite, avec des agents formés pour les prendre en charge, des toilettes adaptées, des chaises roulantes à disposition… et que les infrastructures tendent encore à s’améliorer: "Nous avons un grand projet de rénovation pour 2016, de nouveaux ascenseurs vers les quais vont être installés dans un futur couloir sous voie", explique Thierry Ney, porte-parole de la SNCB.
Actuellement, il existe plusieurs rampes d'accès ainsi que ce plan incliné (capture d'écran Google Maps):
Une prise en charge gratuite pour les personnes à mobilité réduite
Il est possible, pour les personnes à mobilité réduite, d'obtenir une assistance, mais cela nécessite une réservation 24 heures à l'avance: "Chaque demande est rencontrée, mais on demande de réserver à l'avance, car il ne faudrait pas qu’on n’ait pas assez de personnel ou de matériel pour permettre aux personnes d’aller sur le bon quai, ou d’assurer la correspondance", explique Thierry Ney, qui indique qu'il y a environ 15 demandes par jour à la gare de Bruxelles-Nord. Pour demander cette prise en charge, qui est gratuite, il suffit de composer le 02/528.28.28 ou de passer via ce site. "Une personne vous prend en charge au niveau des guichets. Un agent vient vous chercher, vous emmène jusqu’au quai via les ascenseurs. Il sait dans quelle voiture il va vous aider à monter, parce qu’il faut une rampe d’accès. Cela permet une circulation fluide", ajoute le porte-parole. Certaines personnes font ainsi ce genre de demandes pour de plus longues périodes afin d'aller travailler quotidiennement en train.
Allez au plus près des guichets
Dans le cas de voyages occasionnels, il est utile d'indiquer au taximan, s'il ne connaît pas l'accès le plus facile aux infrastructures adaptées aux personnes à mobilité réduite, de déposer ces personnes à l'entrée qui mène le plus directement aux guichets, qui sont souvent le point de rendez-vous (consulter ces infos pour votre gare la plus proche).
Deborah Van Thournout
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