Giuseppe est ouvrier chez Delhaize depuis 36 ans. Il travaille au centre de tri de Zellik, aujourd'hui en grève. Il nous a contacté pour nous livrer sa frustration et ses craintes quant à son avenir.
Giuseppe Bognanni travaille de nuit au dépôt du groupe de distribution de Delhaize situé à Zellik depuis 36 ans. Outré par ce qu’il se passe actuellement chez son employeur, cet ouvrier a confié les craintes qui l’animent à notre rédaction via la page Alertez-nous.
"Travailler chez Delhaize, c'est toute ma vie"
Giuseppe n’a pas le moral. Originaire de Charleroi, il travaille au centre de tri de Delhaize depuis 36 ans. "J’ai commencé à travailler quand j’avais 15 ans. C'était le 13 novembre 1978", confie-t-il avec des trémolos dans la voix. Tous les soirs, Giuseppe prend le train pour Bruxelles pour rejoindre son poste de nuit. "Je quitte mon domicile à 18h30 pour arriver à Zellik à 21h où je prends mes fonctions. Je travaille jusque 5 heures du matin." Malgré ses longues heures de trajet quotidien, Giuseppe ne changerait de boulot, pour rien au monde. "Travailler chez Delhaize, c’est toute ma vie. Plusieurs membres de ma famille y travaillent aussi. Mon fils, mon oncle, et mon frère, décédé il y a 3 ans. Pour moi Delhaize, c’est plus qu’un simple boulot, c’est aussi ma famille", confie le Carolo.
Un conseil d’entreprise qui lui reste en travers de la gorge
Et à 51 ans, les mauvaises nouvelles s’amoncèlent pour Giuseppe. "Tout d’abord, à cause de Charles Michel et Bart De Wever, je suis bloqué et je dois travailler 6 années supplémentaires et puis ensuite, avec ce qu’il se passe actuellement chez Delhaize", énumère-t-il. Dans l’entrepôt dans lequel il travaille, les employés ont levé le pied. Ces actions font suite à la volonté affichée par la direction du groupe de réaliser des économies sur les salaires des travailleurs en plus des 2.500 suppressions d'emploi et de la fermeture de 14 magasins en gestion propre prévues dans le plan de transformation annoncé en juin. Les syndicats ont ainsi appris, lors d'un conseil d'entreprise mercredi, que la direction prévoyait une diminution des salaires de 90 euros brut par mois, un gel des primes d'ancienneté et leur limitation dans le temps ainsi qu'une suppression de primes dont bénéficie le personnel. Des projets aussitôt qualifiés par le front commun syndical de "véritable déclaration de guerre". Des décisions qui laissent un goût amer à Giuseppe "90 euros brut par mois, mais imaginez ce que cela représente par an ? Il y a des gens qui doivent rembourser des voitures, des maisons. Et des primes diminuées à 70 euros alors qu’autrefois elles atteignaient 346 euros. Mais imaginez un peu quelle différence cela fait. J’ai le sentiment que la direction nous prend pour des torchons", regrette Giuseppe.
Giuseppe va boycotter les célébrations liées à ses 35 ans de service
Sa déception est tellement importante que Giuseppe envisage de ne pas participer à la réception de remise des prix à laquelle il a été convié début décembre. Il devrait se faire remettre une médaille pour ses 35 ans de service au sein du groupe. "Le 10 décembre, je resterai chez moi. Je suis tellement mécontent sur la direction, que je ne compte pas y assister. Il faut leur montrer que nous, nous sommes de vrais Delhaiziens passionnés et pas des directeurs venus d’ailleurs qui ne sont pas attachés à notre entreprise comme nous le sommes", conclut Giuseppe.
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