Sur le plateau élevé d'Olne, en province de Liège, lorsqu'il n'y a pas de vent, la fumée rase le sol. Et lorsqu'elle provient d'un grand feu situé à quelques dizaines de mètres, cela devient parfois intenable. Jean ne veut pas qu'on verbalise à tout va, mais bien qu'on rappelle aux riverains qu'il est interdit de brûler des déchets, sauf dans certains circonstances bien précises.
Quand on profite tranquillement de sa terrasse, en pleine campagne, on aime écouter le silence et regarder les paysages verdoyants environnants.
La dernière chose que l'on souhaite, c'est d'être incommodé par d'épaisses fumées blanches, odorantes et dérangeantes. C'est pourtant ce qui est arrivé à Jean et son épouse Chantal, durant l'été.
"Il n'y avait pas de vent, la fumée restait près du sol, comme un brouillard… On a du rentrer", nous a confié cet habitant de Olne, après avoir contacté la rédaction de RTL info via le bouton orange Alertez-nous.
"On décide de souper, et…"
Ce n'est pas la première fois que Jean, 67 ans, et son épouse, sont incommodés par les "feux de broussailles", comme il les appelle.
Le pensionné habite Olne depuis trois ans, une jolie petite commune avec ses maisons en pierres grises, située entre Chaudfontaine et Verviers, en province de Liège. Et il a déjà du se plaindre à plusieurs reprises.
Jeudi 25 août, alors que les températures titillent à nouveau les 30 degrés, "par une belle soirée sur notre terrasse, on décide de souper", nous confie Jean.
A ce moment-là, un voisin, situé tout de même assez loin, décide "de faire brûler des branches et autres choses dans son jardin".
Jean et son épouse sont très incommodés par cette fumée. "Olne est un plateau élevé, quand il n'y a pas de vent, la fumée se répand doucement à ras du sol, c'est comme un brouillard".
Rapidement, la situation devient intenable. "On a du rentrer", au lieu de profiter d'une des rares chaudes soirées d'été…
Sur cette jolie terrasse, Jean doit régulièrement supporter des fumées dérangeantes
Il a trouvé le voisin… puis la police
Le feu a duré "entre 30 et 45 minutes". Ne supportant plus la situation, Jean appelle la police.
La première fois, il avait pris la peine d'aller parler au voisin indélicat. "J'ai été le trouver, il m'a dit que j'étais fou… il m'a gentiment envoyé à la gare". Cette fois-ci, il compte sur les autorités pour faire respecter la loi.
"La police y est allée, ils m'ont dit qu'ils avaient parlé au voisin, mais qu'ils ne l'avaient pas verbalisé. D'ailleurs, ce que je veux, ce n'est pas qu'on verbalise, mais qu'on rappelle aux gens que c'est interdit".
Que dit la loi ?
Jean a raison: il est interdit de brûler des déchets dans son jardin. Comme toujours, rien n'est très simple en matière de législation en Belgique. Dans le cas d'un feu de déchets verts dans un jardin privé, c'est encore le Code rural (qui date de… 1886) qui fait référence.
Il prévoit une amende et/ou une peine de prison pour "ceux qui auront allumé des feux dans les champs (dans les jardins, NDLR) à moins de 100 mètres des maisons" ou "à moins de 25 mètres d'un bois ou d'une forêt".
En réalité, ce genre de matière est régi par les communes, qui peuvent y ajouter des règles spécifiques. En l'occurrence, à Olne, la donne est assez simple. Un règlement de police en matière de délinquance environnementale de 2012 confirme la règle du vieux Code rural: les amendes administratives concernent "l’incinération de déchets ménagers en plein air ou dans des installations non conformes aux dispositions du décret du 27 juin 1996 relatifs aux déchets, à l’exception de l’incinération des déchets secs naturels provenant des forêts, des champs et des jardins, telle que réglementée par le Code rural et le Code forestier (2ème catégorie)".
La provenance des feux incommodant Jean
Le bourgmestre d'Olne parle "d'une grosse amélioration"
Ghislain Senden, le bourgmestre, nous l'a confirmé. "Il y a un règlement de police, pour l'ensemble des communes du Pays de Herve, qui interdit de brûler tous types de déchets". Mais "il y a en effet une exception pour les déchets de haies, on peut les brûler, mais à plus de 100 mètres des habitations… cela concerne surtout les agriculteurs ayant des grands domaines".
Le bourgmestre "préconise le broyage des déchets verts, là où ils sont produits", pour éviter une accumulation de métaux lourds.
M. Senden précise que dans sa commune, "il n'y a pas spécialement de problème, mais il y a des récidivistes… cependant, depuis plusieurs années, on constate une grosse amélioration".
En cas de problème, "on dépose d'abord une petite brochure expliquant les règles en la matière, pour prévenir ; mais s'il y a récidive, la police intervient et verbalise".
Que faire de vos déchets verts ? "Il y a deux options"
On ne peut plus rien brûler (ou alors des déchets verts à 100 mètres des habitations). Mais alors, que faire de ses tailles de haies ou autres élagages et abattages d'arbres ?
"Il y a deux options", nous a expliqué Alain Geerts, de la Fédération Inter-Environnement Wallonie, qui rassemble les associations au service de l'environnement.
"Si vous avez de l'espace, vous pouvez faire votre propre compost et entreposer les déchets verts au même endroit. Il vaut mieux couper les branches en petits morceaux, cela donnera de l'air dans le compost".
"Si vous n'avez pas la place, vous pouvez vous rendre dans un parc à conteneurs, à la déchèterie. Là-bas, on va broyer les branches pour récupérer le bois, ou on va composter".
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