La pénurie de professeurs continue de frapper les écoles de la Fédération Wallonie-Bruxelles, comme l'a constaté Fabio, un Ecaussinnois de 25 ans qui a pressé le bouton orange Alertez-nous. Il affirme que sa sœur, élève dans une école secondaire de la région de Soignies dans le Hainaut, n’a pas eu plus de quelques heures de cours d'anglais depuis le mois de septembre. Et l’école aurait par ailleurs annoncé que les cours de religion ne seraient plus dispensés en deuxième partie d’année. Fabio prétend que sa sœur, étudiante en quatrième secondaire, a presque tous les jours au moins une heure d’étude en raison d’absence de professeurs. "Une situation scandaleuse, j'ai fait toute ma scolarité dans cette école il y a quelques années. De mon temps, il n'y avait pas ces problèmes", s'offusque-t-il.
La directrice de l'école confirme que la situation dans cette classe est particulièrement compliquée, même si pas autant que la décrit Fabio : "Seulement 5h d'anglais depuis le début de l'année scolaire, ce n'est pas vrai. Mais nous avons un professeur absent depuis longtemps. J'avais trouvé un remplaçant durant l'été mais il m'a lâché le 2 septembre. Je me suis retrouvé le bec dans l'eau car il n'y avait plus personne de disponible. J'ai finalement trouvé quelqu'un fin septembre. Il a travaillé cinq semaines avant de tomber malade à son tour. Depuis, je ne l'ai pas revu. Un autre enseignant qui pourrait dépanner est également absent. Ce n'est pas de chance pour cette classe là", dit-elle.Concernant le cours de religion, la directrice est par contre optimiste: "Nous avons trouvé un remplaçant, la preuve que nous faisons quand même tout notre possible", poursuit-elle.
A moins de quatre mois des examens, les retards inquiètent la chef d'établissement : "Nous n'avons pas encore décidé ce que nous allons faire. Mais si l'élève n'a pas eu la moitié de sa formation, c'est très embêtant. Ce n'est en tout cas pas lui qui doit être tenu responsable".
De novembre jusqu’à la fin de l’hiver, on remarque une forte augmentation de la demande des écoles. Et c’est très compliqué de remplacer les malades car il n’y a pas assez de candidats
"Un phénomène saisonnier"
Nous avons contacté Conrad van de Werve, le directeur de la communication du SeGEC, le Secrétariat Général de l’Enseignement Catholique, le réseau libre auquel appartient l'école: "Nous sommes évidemment conscients de ce problème et c’est une vraie préoccupation", assure-t-il.
Cette situation s’accentue à certaines périodes de l’année et peut être observée sur le site internet jobecole.be qui met en rapport les professeurs à la recherche d’un emploi et les écoles qui cherchent des remplaçants. "De novembre jusqu’à la fin de l’hiver, on remarque une forte augmentation de la demande des écoles. Et c’est très compliqué de remplacer les malades car il n’y a pas assez de candidats. C'est un phénomène saisonnier", souligne Conrad van de Werve.
La pénurie s'accentue clairement depuis que cette réforme a été mise en place
Cette pénurie s’explique aussi par la lourdeur des démarches administratives dans le cas où une école souhaiterait engager un remplaçant ne possédant pas le Certificat d’aptitudes pédagogiques (CAP). "Il faut impérativement simplifier ce système de recrutement qui peut décourager les chefs d’établissement. C’est actuellement trop fastidieux".
Fabio, qui travaille dans le milieu juridique, met en cause la réforme des titres et fonctions dont nous avons souvent parlé sur RTL INFO. "La direction de l'établissement ne sait pas faire de miracles. La réforme des Titres et Fonctions, qui est entrée en vigueur le 1er septembre 2016, complexifie l'accès à l'enseignement", estime Fabio. Un avis que partage la directrice de l'établissement : "La pénurie s'accentue clairement depuis que cette réforme a été mise en place."
Un plan pour atténuer la pénurie à la prochaine rentrée
La nouvelle ministre de l’Education Caroline Désir compte mettre en place en plan pour lutter contre la pénurie. Il devrait faire son apparition à la prochaine rentrée. "Nous ne pouvons pas encore dévoiler les principaux points de ce plan", informe Jean-François Mahieu, porte-parole du cabinet, mais il faut bien comprendre qu’on ne pourra pas éradiquer cette pénurie. L’objectif est de la diminuer le plus fortement possible".
La directrice de l'école préfère rester prudente à propos de ce futur plan: "Je pense qu'il va y avoir quelques aménagements mais que ça ne changera rien en profondeur. Je ne sais pas ce que le gouvernement va trouver comme solutions".
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