Depuis plusieurs mois, les médias relaient des nouvelles positives: l'économie reprend timidement, le nombre de faillites n'explose plus, le nombre de chômeurs baisse un peu (mais ce recul n'est pas seulement attribuable à une meilleure santé de l'économie, la réforme du chômage constituant aussi une raison). Mais il ne faudrait pas que ces informations nous aveuglent. Le chômage est un véritable fléau dans toute l'Europe. En Belgique, il concerne plus de 415.000 personnes dont plus de 173.000 en Wallonie et plus de 72.000 à Bruxelles. Derrière ces chiffres, des gens qui essuient échec sur échec dans leur recherche d'un travail. La frustration et la colère, gagnant de nombreux individus, se tournent vers le monde politique, l'Onem ou encore, dans le cas de celui qui nous a écrit aujourd'hui via la page Alertez-nous, des mesures. Les plans d'aide à l'embauche irritent plus d'un demandeur d'emploi, principalement ceux qui en sont exclus. Nous avons déjà publié plusieurs témoignages en ce sens. "Il est vrai que ces plans, même s'ils génèrent de l'emploi, classifient les personnes. Et donc se pose un problème universel: quand on classifie un groupe, on retrouve un autre groupe exclu qui se sent discriminé", expliquait en réaction à l'un de ces témoignages Muriel Dejemeppe, professeur d'économie à l'UCL et chercheur à l'IRES (Institut de Recherches Economiques et Sociales).
"Nous sommes des milliers à ne pas avoir assez de période de chômage, à être trop âgés ou trop jeunes, à ne pas avoir assez de "points APE", à être trop qualifiés, à être trop ceci ou pas assez cela … que pouvons nous faire ?" demande notre témoin d'aujourd'hui qui a assez entendu de constats ("ils ne servent à rien"), de statistiques, d'explications ("nous les connaissons même mieux que vous vu qu'elles nous valent d'être constamment exclus") sur ces plans et réclament des "alternatives". Voici son message. Il a souhaité rester anonyme.
Le témoignage: Quelle est la solution quand on nous dit "Je ne vous engage pas vu que vous n'avez pas tel plan d'aide"?
"Travaillant actuellement à mi-temps pour une société de nettoyage (secteur très connu pour prendre majoritairement des temps partiels), je n'ai droit qu'à un seul plan d'aide à l'emploi.
Ayant suivi (et réussi) des cours du soir, je cherche désormais dans le domaine pour lequel je suis formé.
Le souci : systématiquement, le plan d'aide que j'ai ne convient pas! Que dois je faire ? Me retrouver sans emploi, c'est être à la merci du contrôle de disponibilité et risquer de me faire sanctionner pour "abandon non justifié d'emploi". Reprendre une formation, c'est m'entendre à nouveau dire "vous êtes trop qualifié". Continuer dans le secteur où je travaille, c'est poursuivre un poste pour lequel je suis surqualifié.
Les plans d'aides entretiennent un cercle vicieux : pour avoir un emploi, il faut comptabiliser une longue durée de chômage (quelques exceptions existent, mais le fait est qu'une longue durée donne un plan d'aide plus avantageux à l'employeur) et une fois le plan d'aide arrivé à terme, l'employeur se débarrasse de vous et vous devez à nouveau comptabiliser une longue période de chômage pour retrouver un plan d'aide qui vous permettra d'être employé, puis une fois à terme vous renverra au chômage… Un cercle vicieux: chômage longue durée – emploi courte durée !
Je me sens déshumanisé quand je lis "plan d'aide exigé". Comme si je n'avais plus ni nom, ni prénom, ni formation, ni expérience : je dois m'appeler "plan activa" ou "plan PTP" ou "passeport APE".
ien d'autre ne compte, mon expérience et ma formation ne servent à rien, elles passent systématiquement derrière ... le plan d'aide.
Que ces plans d'aides octroient un avantage aux candidats peu qualifiés et/ou peu expérimentés, soit. Mais pourquoi doivent-ils exclure ceux qui sont plus qualifiés et/ou plus expérimentés ? Ces plans d'aides aident-ils le candidat ou l'employeur ?
La semaine dernière, après m'être rendu à un entretien d'embauche, je suis reparti avec la promesse d'être recontacté pour un second entretien. C'est finalement moi qui ai dû re contacter la chargée de recrutement (alors qu'elle s'était engagée à le faire!) pour m'entendre dire: "J'ai préféré un candidat qui avait le plan activa, désolée".
"Désolée". Elle me refuse un poste pour un plan d'aide et elle est "désolée" ! Et pendant ce temps, je dois continuer (il faut bien vivre, n'est ce pas) à faire un métier pour lequel je suis surqualifié et très mal payé... Comment peut-on appeler ça "plan d'aide"?
Voici pour ma situation, maintenant je passe à ce que j'attends de cette page, ou plutôt ce que je n'attends pas: nous sommes des milliers à nous voir refuser un emploi parce que nous n'avons pas le "plan d'aide" qu'exige l'employeur. Nous sommes des milliers à ne pas avoir assez de période de chômage, à être trop âgés ou trop jeunes, à ne pas avoir assez de "points APE", à être trop qualifiés, à être trop ceci ou pas assez cela.
Que pouvons nous faire ? Quelle est la solution quand on nous dit "Je ne vous engage pas vu que vous n'avez pas tel plan d'aide"?
De grâce, épargnez nous les constats (ils ne servent à rien), épargnez nous les statistiques, épargnez nous les explications sur les plans (nous les connaissons même mieux que vous vu qu'elles nous valent d'être constamment exclus) et proposez des alternatives."
Concernant le fait que l'employeur aura tendance à licencier une personne qui n'est plus couverte par le plan d'aide pour en reprendre une nouvelle, Muriel Dejemeppe, professeur d'économie à l'UCL et chercheur à l'IRES (Institut de Recherches Economiques et Sociales) avait indiqué qu'il était vrai qu'on observait une certaine rotation, mais pas toujours". "Et ce n'est pas parce qu'il y a une rotation que c'est inefficace. D'après une étude effectuée sur des jeunes de 18 à 25 ans, ces emplois subventionnés leur permettent d'engranger de l'expérience. Et dans 37% des cas pour les hommes, et 32% des cas pour les femmes, cette expérience leur permet de trouver un emploi stable et non subventionné par la suite", avait-elle conclu.
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