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Près de 200 enfants du RFC Seraing ne peuvent plus jouer suite à une sanction de la Fifa: "C'est l'incompréhension totale"

Près de 200 enfants du RFC Seraing ne peuvent plus jouer suite à une sanction de la Fifa: "C'est l'incompréhension totale"
 
 

Près de 200 jeunes joueurs du RFC Seraing ne peuvent plus défendre les couleurs de leur club en match officiel suite à une sanction infligée par la Fifa. Une sanction qui vise le club, mais dont les conséquences vont pénaliser bien plus de personnes, et souvent étrangères à l'erreur commise.

"Près de 200 enfants se retrouvent sans club depuis ce mercredi 30 août. En effet, tous les enfants affiliés ou transférés durant les mois de juin, juillet et août ne sont plus autorisés à évoluer au RFC Seraing. Je suis le papa d'un joueur et ce n'est pas une punition qui touche le club, mais également ces enfants qui ne savent plus quoi faire", nous a indiqué Denis, père d'un joueur de l'équipe U16.


Une mesure qui vise la spéculation sur des joueurs

Le Comité Exécutif de la FIFA (la Fédération intarenationale de football) a décidé d’interdire, début 2015, l'influence de tiers et la propriété des droits économiques des joueurs par des tiers ou, familièrement, les TPO. Autrement dit, la FIFA veut éviter des situations dans lesquelles un tiers représente un joueur ou investit dans ce joueur et perçoit ensuite un "retour" sur investissement lors d'un éventuel transfert. Sont donc principalement visés par cette mesure les agents de joueur ou les fonds d'investissement qui scrutent la "perle rare".

Et durant cette année 2015, une erreur a été commise au RFC Seraing alors que le club évoluait en D2. "Le club a enfreint la règle des TPO avec un joueur de l'équipe première", avoue Christian Bartosch, responsable administratif. Ce dernier n'a pas souhaité commenter le litige en question, les procédures judiciaires étant toujours en cours. Mais comme tout le monde au club, il ne nie pas qu'une erreur a été commise.

Mais comme toute autre personne du club que nous avons contactée, il estime que "la sanction est disproportionnée. On dirait qu'ils veulent une mise à mort du club".


"Incompréhension totale"

Car à Seraing, ce n'est pas uniquement l'équipe première, qui évolue actuellement en D1 amateur, qui est sanctionnée, ou le club qui est mis à l'amende. Non, c'est tout le monde !

C'est ainsi que le club a appris, le 30 août, qu'il était interdit de transfert ou de nouvelle affiliation depuis le 1er juin... et pour toutes les équipes, donc dès le plus jeune âge. Cela fait 188 enfants, nouveaux affiliés ou dont le transfert est prolongé chaque année, qui ne peuvent plus porter les couleurs du club en match officiel.

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"On s'attendait à ce que l'équipe première soit sanctionnée. On s'attendait à ce que le club ait une amende. Mais que les équipes de jeunes soient aussi touchées, c'est l'incompréhension totale. Allez dire à un gamin de 6 ans qu'il ne peut jouer en match avec son club pour infraction aux TPO et vous allez voir sa tête", s'indigne Christian Bartosch.

Il ajoute par ailleurs que "d'autres clubs ont commis des infractions similaires, dont Saint-Trond en Belgique. Jamais je n'ai entendu une sanction comme celle qui frappe le RFC Seraing. Saint-Trond s'en est sorti avec une plus petite amende que nous, et c'est tout. Pas d'interdiction de transfert, rien".


L'Union belge se dit impuissante

Alertée par la situation difficile dans laquelle se retrouve le club et par l'impact social d'une telle sanction, l'Union belge de football s'est dite "étrangère" au dossier. "La sanction a été prise par la Fifa, pas par nous. Il ne nous appartient pas de la commenter ou de la motiver", confie Pierre Cornez, responsable de la communication.

"Mon sentiment, c'est qu'il y a de l'acharnement de la part de la Fifa", poursuit Axel Lawarée, directeur technique du RFC Seraing. "Pas de l'Union belge, mais on sent bien que l'Union belge est mal placée, elle se retrouve coincée, et elle est dans l'obligation de suivre stricto senso la Fifa. Quant à la Justice belge, elle est complètement dépassée. Quand j'entends la juge dire 'Oh mais si cet enfant ne peut pas jouer à Seraing il jouera dans un autre club de la région', ben non, ce n'est pas comme ça que ça se passe en pratique. Il ne faut vraiment rien comprendre au foot pour dire des choses pareilles".

"La Fifa fait ce qu'elle veut quand elle veut. Mais ce n'est pas une sanction appropriée. C'est exagéré. On dirait qu'ils veulent tuer le club", nous confie un responsable du club des supporters.

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Les enfants "dégoûtés et démotivés"

Denis, le papa d'un jeune joueur des U16, se dit "loin" des "affaires" du club en justice. Mais lui, c'est sur le terrain qu'il ramasse les miettes. "Les enfants sont révoltés et aussi démotivés. Ils passent à côté d'un vrai club de formation avec des entraîneurs diplômés. Cette sanction est ridicule et stupide parce que ce sont eux les principales victimes. En plus, dans la région, c'est le seul club de niveau national qui est abordable".

Axel Lawarée se dit également "dégoûté" pour chacun des ces 188 enfants. "On a le cas d'un enfant qui vient de Butchenbach. Le Standard n'en veut pas. Eupen n'en veut pas. Il a passé les tests ici et s'est inscrit au club ainsi qu'à l'internat. Et maintenant, à deux jours de la rentrée scolaire, on lui dit qu'il ne peut pas jouer. Allez lui faire comprendre ça !", s'offusque-t-il, avant d'ajouter: "Le pouvoir de la Fifa est incroyable. Et d'un point de vue humain, outre les 188 enfants, on a des employés au sein de l'ASBL de l'école de formation. 188 enfants c'est 40% du club. Cela risque évidemment de faire des dégâts au niveau de l'emploi. D'un point de vue social, c'est dramatique, irresponsable".

"Pour les parents c'est aussi difficile à encaisser parce qu'ils choisissent un club pour différentes raisons, que ce soit l'encadrement, la situation géographique ou la qualité de la formation. Ca ne les arrange peut-être pas de mettre leur enfant ailleurs, et de toute façon les autres clubs ne peuvent absorber les 188 enfants concernés pile quand la saison commence", ajoute Christian Bartosch. "La Fifa prône l'éducation par le sport, mais sur ce coup c'est complètement loupé".

Le RFC Seraing, par la voix de son président Mario Franchi, assure qu'il "ne va pas se laisser abattre et que les avocats s'occupent de la suite de ce dossier". Et en attendant le prochain épisode judiciaire, un plan B devrait être activé via une affiliation à Seraing Athlétique, club avec lequel le RFC a mis en place une association avec les jeunes. Certains joueurs pourraient y être intégrés, mais pas tous. 

L'espoir des jours meilleurs reste malgré tout réel chez les Métallos. Mais à l'heure actuelle, le ciel reste bien chargé et le sentiment d'injustice demeure intense. "C'est fou quand on pense que le transfert de Neymar pour 220 millions d'euros est toléré malgré le fair-play financier et qu'ici on s'acharne sur un petit club wallon", conclut le président du fan club.


 

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