Ce Bruxellois ne garde pas que des bons souvenirs de son séjour en Ardenne. Il est revenu avec des dizaines de piqûres de punaises de lit, un insecte qui prolifère actuellement chez nous.
Cet été, des petits insectes se sont invités durant le séjour de Sébastien, qui nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous. "Nids de punaises dans le gîte où nous séjournons. Piqûres un peu partout sur le corps", nous a-t-il écrit, photos à l'appui.
La chambre dans laquelle il dormait avait pourtant été "traitée par une société spécialisée qui élimine les punaises grâce à la chaleur". Mais malgré tout, certains insectes ont résisté et il en a fait les frais. "J'ai pris pour tout le monde", nous dit-il.
Très rapidement, il s'est aperçu qu'il était couvert de petites piqures "sur le dos, les bras, le cou…". Impossible pour lui de ne pas se gratter. "Les démangeaisons, le soir, c'est affolant. Il faut mettre une crème pour apaiser et éviter de gratter", nous a expliqué Sébastien. Une semaine après avoir été piqué, "ça commence seulement à s'estomper".
Deux éléments attirent particulièrement cet insecte, de la famille des hétéroptères: "la chaleur humaine, et surtout, l'émission de CO2 provenant de la respiration et de l'octénol, l'un des composants de la sueur", précise Frédéric Francis, professeur à la faculté d’Agro-Bio Tech à Gembloux et responsable de l’unité d’entomologie.
Comme pour les piqures de moustiques, "tout le monde ne réagit pas la même manière". Mais globalement, on peut avoir des "doses de 2-3 centimètres de diamètre avec des réactions cutanées plus importantes", précise le spécialiste.
Invisible
À la tombée de la nuit, Sébastien a pu observer les insectes. "À la lampe de poche, j'ai vu les punaises dans mon lit. Sur les montants, il y avait des nids avec des larves, notamment au niveau des boulons", raconte-t-il.
On connait plus généralement les punaises brunes ou vertes qui se retrouvent dans les potagers, et notamment sur les fruits. Elles sont de la même famille mais une différence importante les distingue: si la première espèce se nourrit exclusivement de végétaux, celle qui nous occupe est hématophage : elle se nourrit de sang.
"On les appelle punaises de lit car elles se nichent dans les lits, spécialement dans la structure du lit, les plinthes, les planchers. C'est ce qui est problématique : on ne les voit pas", note le spécialiste.
La configuration du gîte loué par Sébastien est favorable à la prolifération de ces insectes qui aiment se nicher dans les petits recoins. "Il y a beaucoup de bois et plein de petits trous où les bêtes peuvent se cacher", confirme le Bruxellois.
Les punaises sont très résistantes
Pour Frédéric Francis, le problème vient également de la résistance de ces insectes aux tentatives d'extinction. "Le traitement à la vapeur est le plus répandu. Au-delà de 70 degrés, cela les tue. Maintenant, il faut un contact direct. Or, quand les punaises se cachent dans les recoins, derrière des plinthes, ce n'est pas évident. Dans certains cas, il faut carrément arracher tout le tapis plain par exemple". Le spécialiste explique aussi que les petites bêtes sont de plus en plus résistantes aux insecticides et désormais, des pièges basés sur le CO2 sont à l'étude, puisque c'est ce qui attire les punaises.
Cela explique pourquoi dans ce gîte, plusieurs traitements ont dû être effectués, mais il n'est vraiment pas simple de se débarrasser de ces nuisibles.
"On a une grosse difficulté de contrôle car l'insecte peut vivre pendant des mois sans se nourrir", précise encore Frédéric Francis.
"C'est vraiment une explosion"
Dans le gîte où séjournait Sébastien, des mesures ont été prises immédiatement pour le bien-être des occupants. Mais les invasions punaises de lit sont de plus en plus constatées dans nos contrées.
"C'est vraiment une explosion!, lance Frédéric Francis. Au départ, elle provient de zones tropicales. Parfois, des gens en ramènent de voyages en Amérique du sud. Ça a commencé à toucher l'Amérique du nord mais maintenant, il y en a beaucoup en Europe, principalement dans les hôpitaux et les hôtels. Elles passent d'une chambre à l'autre et on peut facilement se retrouver avec des étages complets infestés".
Des lieux très fréquentés comme les hôtes ou les hôpitaux sont donc particulièrement problématiques à la prolifération des punaises. "Le 'repas sanguin' est nécessaire à la femelle pour se reproduire. On peut alors très vite arriver à des centaines d'individus. Dans un lieu où les chambres sont occupées en continu, ça se reproduit vite", précise le spécialiste. D'autre part, ces insectes peuvent vivre plusieurs mois sans se nourrir, ce qui rend également particulièrement compliqué son éradication.
Vos commentaires