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Un Liégeois de 19 ans a créé un site et une application pour "sauver le commerce local": à quoi sert Localisy?

Un Liégeois de 19 ans a créé un site et une application pour "sauver le commerce local": à quoi sert Localisy?
 
start-up, Web, ecommerce
 

Guillaume a décidé d'arrêter ses études de droit pour lancer une plateforme numérique (site web et application) regroupant plusieurs services à destination des "petits" commerçants. Le but ? Les rendre plus visibles et attractifs pour une clientèle qui s'oriente de plus en plus vers le commerce en ligne, dominé par de grandes entreprises étrangères comme Amazon.

Guillaume Petta est un jeune homme ambitieux. Après avoir réussi sa première année en droit à l'Université de Liège (ULg), il a décidé d'arrêter ses études pour se lancer dans un projet qui semble lui tenir à cœur: "sauver le commerce local qui tend à disparaitre", nous a-t-il confié en contactant la rédaction de RTL info via la page Alertez-nous.

Son projet, c'est Localisy. Il s'agit d'un site web et d'une application pour Android et iOS, dont le but est d'offrir une visibilité aux commerces locaux, en se basant uniquement sur la distance entre l'utilisateur et le commerce, et non sur la présence et la visibilité de ce commerce sur le web.


Un constat absurde

"C'est un fait: 80% des gens se renseignent sur le web avant d'acheter un produit", a poursuivi Guillaume. "Or, un jour, un commerçant m'a fait part d'un constat absurde. Un client potentiel se trouve à 200 mètres de son magasin, et va chercher un de ses produits sur le net. Sur Google, les meilleurs résultats de sa recherche indiqueront un magasin situé à des centaines de kilomètres, parce qu'il est mieux référencé, ou parce qu'il a payé pour de la publicité…"

Ce jeune homme originaire de Herve est en effet parti des problèmes, bien réels, qui freinent l'activité des "petits" commerçants: "La visibilité sur le Web, la vente en ligne, le taux de commissions énormes d'intermédiaires (Amazon, Booking, Groupon)", sont pour lui autant de bâtons dans les roues des magasins, restaurants et autres prestataires de service.

Il a alors imaginé un nouveau concept de site web,  qui est à la fois un moteur de recherche, une plateforme de commerce en ligne et un réseau social. Rien que ça…

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Comment a-t-il eu l'idée ?

Si Guillaume se sent concerné par le commerce local qui perd chaque année un peu plus de clientèle au profit des grands acteurs de la distribution, c'est parce qu'il est né dedans.

"Mes parents et mon entourage sont des indépendants. Ils rencontraient des problèmes avec leur activité. Ma mère a un commerce de lingerie depuis très longtemps, mais elle ne parvenait pas à se lancer dans le commerce en ligne, et elle n'avait pas le budget pour accroitre sa visibilité sur le web. Mon père dirige un hôtel, et il ne supportait plus de devoir céder 30% du montant de la réservation à un site comme Booking.com".

L'idée, "arrivée alors que je n'avais que 17 ans", a germé durant quelques années. A 19 ans, "après avoir réussi ma première année de BAC en droit à l'ULg", il a décidé d'arrêter ses études et de se lancer dans l'aventure périlleuse de la création d'une petite entreprise, qu'il aime appeler "ma startup".

"Pourquoi ne pas avoir attendu la fin de mes études pour devenir indépendant et créer une société? Parce que le commerce local tend à disparaître et que quasi tout le monde considère cela comme une fatalité. Selon l'UCM (l'Union des Classes Moyennes, NDLR), plus d'un commerçant sur deux craint pour son futur. Aucune réaction/solution n'est arrivée, j'ai donc décidé de l'apporter moi-même".

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Concrètement, à quoi sert Localisy ?

Le site - et l'application - Localisy a trois (grandes) ambitions: être un moteur de recherche sur lequel des consommateurs peuvent trouver un produit ou un service disponible dans un commerce des environs ; permettre aux commerçants qui le souhaitent de vendre leurs produits directement via le site ou l'application ; être un réseau social pour commerçant, chacun ayant sa "page" avec des commentaires des clients, des "followers" (abonnés, suiveurs) et la possibilité de diffuser des actualités.

Des ambitions assumées par Guillaume, qui veut faire de son site "une combinaison entre Google, Facebook et Amazon - à notre petite échelle".

Prenons des exemples concrets. En tant que moteur de recherche, le site vous permet d'entrer, dans son champs de recherche en haut, le terme "Bougie". Dans la liste des résultats, on découvre "Color Touch", un magasin de décoration d'intérieur situé à Liège. En cliquant dessus, on aperçoit les bougies vendues par ce commerce, quelques informations et leur prix. Les coordonnées précises de "Color Touch" sont indiquées clairement, et en cliquant sur "Montrez-moi le chemin", on a même droit à un itinéraire via Google Maps.

Le deuxième exemple concerne le commerce en ligne. En tapant "vélo" dans le champ de recherche, on aperçoit le "Look 695 Ultraleggera", un vélo de course vendu 3200€ par le magasin "Le Ravito", le "spécialiste des vélos de Visé". Contrairement aux bougies qui n'étaient que "montrées" afin de vous donner l'envier d'aller les acheter en magasin, le vélo peut quant à lui être acheté directement sur Localisy, via une procédure standard d'achat en ligne. 

Le dernier exemple sera celui d'un hôtel qui, comme tous les commerces affiliés à Localisy, a une "page de présentation". Sur celle-ci, à l'instar d'une page Facebook - mais en nettement plus simplifié, l'hôtel va mettre en avant des "offres" (une promotion pour un week-end last minute) ; des "actualités" (section vide pour l'instant), des commentaires et notes des utilisateurs (vide également), et des photos. C'est la partie réseau social du site.

Pas évident à créer, une startup…

Localisy n'en est qu'à ses débuts. "Le site a été lancé le 16 juin, nous avons déjà eu 75.000 pages consultées en un mois, 1.200 produits enregistrés et il y a 315 commerces adhérents".

"Principalement sur Liège", car Guillaume et sa sœur Pauline (23 ans), qui a également rejoint l'aventure, se concentrent d'abord sur leur région d'origine.

La route est donc encore longue avant que le site et l'application soient d'une réelle utilité pour tout le monde. Et pourtant, les difficultés ne datent pas d'hier.

"Créer une société si jeune est extrêmement complexe. Tout d'abord, vous n'avez quasi aucune crédibilité, aucune considération, et ce même si votre projet est chouette et apporte une nouveauté. Nous sommes allés voir des fonds d'investissement. Leurs réactions? 'Votre projet est super, mais revenez dans deux ans, car vous êtes trop tôt', 'Revenez quand vous aurez plus de statistiques', ou encore 'Idée géniale, mais on va voir après un an ou deux'! C'était dingue"…

Finalement, Guillaume a dû injecter ses propres économies - "mais ça n'était pas grand-chose" - et surtout compter "sur sa famille", qui va lui permettre "d'obtenir un crédit" afin de continuer l'aventure.

Un site aussi complet, avec une partie de commerce en ligne, une base de données des produits, une plateforme pour que les commerçants puissent gérer leur compte, des applications pour mobiles… tout cela a déjà coûté très cher. "Plusieurs centaines de milliers d'euros", nous a avoué Guillaume.


Conclusion

Guillaume et sa famille ont entamé un projet très ambitieux. Localisy part d'un constat effectivement alarmant: les commerces et les PME belges ont perdu le contrôle de leur visibilité en ligne au profit de sociétés étrangères comme Google et Facebook, qui ont un quasi-monopole dans leur domaine.

La présence en début des résultats de recherche et les annonces sont gérées par Google ;  la visibilité et les publicités sur les fils d'actualité des utilisateurs sont gérées par Facebook. Dans un cas comme dans l'autre, il faut leur donner de l'argent pour tirer profit de ces deux outils très utilisés en Belgique (et ailleurs dans le monde).

Localisy est un site web très complet (et une application), dont le but principal est de mettre en relation des clients potentiels avec des commerces situés à proximité. L'unique critère est – "et restera toujours", nous a promis Guillaume - la distance entre l'acheteur et le vendeur. Une distance facile à obtenir via l'application, un peu moins via le site web (le navigateur vous demande si le site peut accéder à votre position, ce que certaines personnes refusent).

Si le succès est au rendez-vous, Localisy pourrait permettre aux "petits" commerçants de reprendre en main leur activité en ligne.

Via une formule d'abonnement (entre 39 et 89 euros), un magasin de bijou, par exemple sera référencé dans le moteur de recherche du site et de l'application, et pourra être trouvé facilement par les utilisateurs.

Via une petite commission ("3%, c'est loin des 30% que prennent Amazon ou Booking"), cette bijouterie pourra également vendre ses produits en ligne via le site de Localisy.

Et même si finalement, le but de Localisy, à terme, sera de générer de l'argent, au moins celui-ci ira dans les poches d'une startup (pour l'instant) 100% belge.

Le concept, fort ambitieux, a de beaux arguments pour réussir. Mais on le sait: populariser un site web et une application, c'est une tâche très complexe.

C'est la vieille l'histoire de l'œuf ou de la poule: un nombre important de visiteurs quotidiens poussera davantage de commerçants à s'abonner, mais il n'y aura pas des millions de visiteurs avant qu'il y ait une grande couverture géographique des commerçants…

Mathieu Tamigniau (Twitter: @mathieu_tam)


 

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