Louane est indépendante complémentaire à Mons. Conseillère en cosmétique et vendeuse à domicile, le confinement lié au coronavirus en Belgique l'a contrainte à stopper net son activité. Depuis plus de deux mois, elle perd "un tiers de ses revenus". Elle attend impatiemment des nouvelles du conseil national de sécurité pour savoir quand elle pourra reprendre.
Depuis plus de 10 ans, Louane (prénom d'emprunt car elle veut garder l'anonymat) anime des réunions à domicile. Elle gagne en partie sa vie en vendant des produits cosmétiques de la marque belge Mylène. Mais le confinement a bouleversé son quotidien car il lui est impossible d'organiser des rassemblements.Empêchée de vendre chez ses hôtes, elle n'a pratiquement plus de rentrée d'argent avec cette activité. La vente à domicile constitue pour elle un complément. Dans l'autre partie de sa vie professionnelle, elle travaille "dans une administration" de la région de Mons.
Louane se rendait jusqu'il y a peu de domicile en domicile, deux à trois fois par semaine, et consacrait plusieurs heures à cette profession. Par respect pour ses clients, elle n'a pas envisagé de livraisons.
Si son autre profession lui assure des revenus depuis le début de la crise, la perte d'un "tiers de son salaire" commence à dégrader les finances de son couple.
La vente à domicile est totalement oubliée, il n'y a aucune aide
C'est son époux, Robert, qui a contacté notre rédaction via le bouton orange Alertez-nous, avec l'objectif de mettre en avant un secteur "totalement oublié" selon lui. "Il y a pourtant énormément de conseillers et de conseillères qui travaillent dans ce secteur. Ce secteur est à l’arrêt et on n’a aucune possibilité de pouvoir faire de la vente. Tant qu’on n’autorise pas les gens à pouvoir circuler dans les maisons… Il n’y a aucune aide financière pour ces personnes" fustige-t-il.
Pas dans les conditions pour recevoir le droit passerelle
Aucune aide ? Début avril, le ministre fédéral des Indépendants avait annoncé que le droit passerelle, auparavant réservé aux indépendants temps plein, avait été étendu aux indépendants complémentaires et aux pensionnés actifs indépendants qui ont dû cesser totalement ou partiellement leurs activités en raison de la crise du coronavirus.
Ce revenu de remplacement partiel concerne les personnes dont le revenu d'indépendant se situe entre 6.996,93 et 13.993,77 euros. Cette réforme, avec effet rétroactif jusqu'au 1er mars dernier, a déjà permis d'offrir un revenu de remplacement aux indépendants complémentaires et pensionnés actifs de l'ordre de 645 euros par mois pour un isolé et de 807 euros pour une personne à charge de famille. Un revenu cumulable avec les autres allocations telles que le chômage temporaire ou la pension. Environ 30.000 indépendants à titre complémentaire étaient concernés en avril.
"Nous sommes au courant de cette aide, mais il faut plus de 7.000 euros de revenus, ce qui n'est pas le cas de mon épouse. C’est donc une perte sèche pour elle chaque mois à ce niveau-là. Heureusement, qu'elle touche toujours le salaire de son activité principale", souligne Robert. "On ne sait pas ce qu’il va se passer par la suite. A partir du 8 juin (NDLR: date de la prochaine étape du déconfinement), pourra-t-on se réunir en cercles moins restreints? Jusqu'à quand la situation actuelle va-t-elle durer ?", se demande-t-il.
La vente en ligne, ce n'est jamais la même chose
Louane a essayé la vente en ligne, mais le résultat a été décevant pour elle. "Cela n’est jamais la même chose. Les gens aiment tester ou aller en boutique. En réunion, la vente est nettement supérieure car on peut montrer les produits. Il y a eu un peu de vente, mais les gens sont méfiants et ont peur. Ça ne fonctionne pas. Elle ne fait même pas 10% de son chiffre", assure Robert.
Outre l'aspect financier, c'est le côté rencontre qui manque énormément à Louane. "C’est une activité qui lui tient à cœur. C’est le plaisir de rencontrer des gens. Un travail de contact qui permet de sortir d’un train-train habituel. Les gens au départ le font beaucoup plus pour ça que pour l’argent. L’aspect humain est important. Elle s’est fait des amis et a lié des liens puissants avec certaines personnes dans la vente directe", raconte son mari, pensionné.
La pire chose qu'on puisse vivre, est de ne pas pouvoir voir ses enfants
Le couple montois a malgré tout relativement "bien vécu" le confinement jusqu'à présent. "Ce qui dérange le plus, c'est de ne pas voir ses enfants ou ses petits-enfants. C’est vraiment la pire des choses qu’on puisse vivre. C’est ce qu’il y a de plus insupportable", insiste Robert. "Même s'il y a la fameuse règle des 4 personnes... J’ai deux filles et un garçon. L’une de mes filles a 4 enfants et l’autre 2... On ne préfère pas faire de choix et on ne voit personne."
Comme les réunions organisées par Louane regroupe généralement 10 à 15 personnes, elle espère que la prochaine étape du déconfinement pourra lui permettre de retrouver ses clients sous certaines conditions. Car aujourd'hui, la règle reste la même. Depuis le 10 mai dernier, il est autorisé de recevoir 4 proches chez soi.
Recevoir 4 personnes maximum: rappel de ce qui est permis
Autre cas simple, une famille de 4 personnes décide de privilégier les grands-parents. Ils pourront se réunir l’un chez l’autre. Mais attention, là aussi, pas d’autres contacts possibles, même si la famille n'a vu finalement que deux personnes.
Là où ça se complique, c'est pour une famille avec 3 enfants. Oui, ils pourront recevoir de la visite mais ne pourront pas se déplacer tous ensemble. Ils sont trop nombreux.
Egalement, pour la famille de 4 personnes qui a choisi deux amis qui vivent seuls, et un couple. Oui ils pourront se réunir chez la famille orange mais pas inversement. Et les amis comme le couple ne pourront pas aller ailleurs.
Enfin, dernier cas, et il y a une certaine tolérance: les couples séparés avec enfants. Chacun pourra voir et recevoir mais surtout il faudra éviter de se rassembler davantage.
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