Le conseil communal de Linkebeek s'est réuni lundi soir dans une ambiance surchauffée, en présence de 300 à 350 personnes qui n'ont pas toutes pu accéder à la maison communale et encore moins à la salle du conseil pour assister à une séance inédite, présidée par l'ex-bourgmestre Damien Thiéry, en présence du nouveau bourgmestre issu de la minorité néerlandophone de l’opposition Eric De Bruycker.
La soirée n'a été émaillée d'aucun incident significatif, sinon les applaudissements ou cris de réprobation venant des deux camps. Etaient représentés en nombre les partisans de l'ex-bourgmestre Damien Thiéry, et moins nombreux mais tout aussi bruyants, ceux du nouveau bourgmestre Eric De Bruycker ou des thèses flamandes. Quelques militants du Taal Aktie Komitee (TAK) ont par exemple adressé des cris hostiles aux francophones, notamment lorsqu'à un quart d'heure de l'ouverture de la séance, Damien Thiéry est venu remercier, dans les deux langues, ses partisans, parmi lesquels les ex-bourgmestres non nommés François van Hoobrouck et Véronique Caprasse, ainsi que le chef de file du MR bruxellois, Vincent De Wolf.
Damien Thiéry fait constater le manque de sérieux de son successeur dans la gestion de ce conseil
La séance fut très brève, l'ordre du jour de quatre à cinq points étant rapidement épuisé. Après avoir cédé la parole au nouveau bourgmestre, fraichement nommé, Damien Thiéry a fait constater par le conseil que celui-ci n'était pas en mesure d'exposer le contenu des points à l'ordre du jour, Eric De Bruycker ayant à chaque fois cédé la parole à l'échevin compétent.
Les conseillers communaux de la majorité quitte la salle après le vote pour protester
Après le vote de ces points, les conseillers communaux de la majorité ont quitté la salle pour protester contre la nomination d'un bourgmestre non soutenu par la majorité, une démarche qu'ils jugent anti-démocratique. Les deux membres de l'opposition flamande au rang desquels le bourgmestre nommé dimanche, Eric De Bruycker, et le collège échevinal sont restés en séance.
Des reproches sur le fond au nouveau bourgmestre
L'échevin Yves Ghequiere a alors pris la parole pour reprocher au nouveau bourgmestre de s'être précipité pour prêter serment lundi matin, sans même avoir consulté la nouvelle majorité pour vérifier s'il était possible de collaborer, conformément à son propre vœu. "Vous demandez notre collaboration, et c'est une condition pour vous. Mais pourquoi ne pas l'avoir demandé avant la prestation de serment", lui a-t-il demandé. Faute de quorum, Damien Thiéry a ensuite levé la séance.
Et des reproches sur la forme
A l'issue de celle-ci, M. Thiéry a jugé que la fonction de bourgmestre ne s'improvisait pas. Il a déploré l'absence de préparation de la séance avec les forces de l'ordre par son successeur.
Vers tous les recours possibles, voire de nouvelles élections
Il a répété que la majorité étudiait les recours à envisager contre la nomination de son successeur. Parmi d'autres hypothèses, il n'a pas exclu la possibilité à un moment donné de devoir repasser par la case élections s'il apparaissait que le conseil communal n'avait plus de majorité. "Dans pareil cas, ce qui est clair, c'est qu'en légaliste que je suis, je respecterai l'arrêt du conseil d'Etat qui s'est prononcé pour la première fois dans ce dossier", a-t-il commenté.
Rappel du fond du problème : l’envoi de convocations électorales en français
En juin 2014, l'assemblée générale bilingue du Conseil d'Etat avait recalé Damien Thiéry dans son recours contre sa non-nomination. La Haute instance avait aussi jugé que l'interprétation de la loi sur l'emploi des langues par les bourgmestres non-nommés n'était pas conciliable avec la primauté du néerlandais dans la Région de langue néerlandaise. Ceux-ci considéraient que dans les communes à facilités, les particuliers qui avaient émis le souhait de recevoir les documents administratifs en français, ne devraient plus jamais répéter cette démarche pour les recevoir de manière effective dans leur langue. Mais le Conseil d'Etat a également précisé que ce souhait ne devrait plus être émis pour chaque échange de document, comme le préconise la circulaire Peeters, mais par courrier, et pour une durée maximale de 4 ans renouvelable.
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