La ministre des Transports et de la Mobilité Jacqueline Galant a présenté sa démission au Premier ministre Charles Michel qui l'a accepte, vendredi matin. Dans la foulée, le Roi a également accepté cette démission. En conférence de presse, elle a accusé l'ex-patron du SPF Mobilité d'une charge à son encontre qui va entraîner toute l'administration dans une "croisade" qui démontre sa "capacité destructrice".
Jacqueline Galant a présenté sa démission ce vendredi matin. Une démission acceptée par le Roi et par le Premier minsitre Charles Michel. Lors d'une brève conférence de presse, Jacqueline Galant a confié qu'elle avait démissionné après avoir été au coeur d'une charge de l'ex-patron du SPF Mobilité Laurent Ledoux. Elle dit avoir voulu préserver l'intérêt général alors que M. Ledoux a, selon elle, entraîné par sa démission toute l'administration dans une "croisade" qui démontre sa "capacité destructrice".
Les dossiers qu'elle avait à gérer sont "complexes", or on a semé la "confusion" de manière "orchestrée" et "théâtrale", a-t-elle dit. La ministre a fait un bref bilan de son action, disant avoir replacé le client au centre de la politique de chemins de fer qu'elle a lancé dans la "modernité". "Je suis fière des changements initiés que je laisse derrière moi", a-t-elle indiqué.
Elle s'en va "choquée" mais garde intacte sa force de "proposition".
Le scandale de trop...
Au centre d'un nouveau scandale depuis quelques jours, la ministre fédérale de la Mobilité a donc décidé de jeter l'éponge. Elle donnera une conférence de presse à son cabinet.
Jacqueline Galant se trouvait au coeur d'une controverse portant sur la sécurisation des aéroports du pays. Pressée par son administration de débloquer des moyens dans le contexte de la menace terroriste, elle a été confrontée à l'existence d'audits de la Commission européenne dont elle a indiqué ne pas avoir pris connaissance. Jeudi après-midi, le Premier ministre Charles Michel avait appuyé cette version, indiquant à la Chambre, sur base des informations communiquées par le cabinet de Mme Galant que celui-ci et le gouvernement n'avaient pas été informés du contenu de ces audits.
Accusée de nouveaux mensonges
Or, au parlement, l'opposition a fait état jeudi soir de notes attestant du contraire. Des documents qui ont mis le monde politique en ébullition. L'opposition parlait de nouveau mensonge de la part de la ministre Galant et exigeait que le Premier ministre vienne s'expliquer, éventuellement accompagné de Mme Galant, jeudi soir à la Chambre. Sans succès...
"Je me suis exprimé hier à la Chambre sur base des informations données par Jacqueline Galant et son cabinet", a précisé le Premier ministre. "A l'issue de la séance plénière, il m'a été confirmé que, contrairement à ce qui avait été dit, Jacqueline Galant et son cabinet avaient reçu un résumé de ce rapport en juin 2015." Le Premier ministre a salué "l'énergie et l'engagement" dont a fait preuve Mme Galant et les réformes "courageuses et nécessaires" qu'elle a initiées.
Par ailleurs, Jacqueline Galant aurait également obtenu en décembre 2014 une demande formelle du président du SPF Mobilité Laurent Ledoux en vue de renforcer la sécurité dans les aéroports. En rupture avec la ministre, celui-ci a présenté sa démission jeudi.
Clifford Chance, RER: les autres "affaires"
Début novembre 2015 avait éclaté l'affaire Clifford Chance, un cabinet d'avocats à qui Jacqueline Galant avait confié un contrat de consultance sans avoir respecté les règles concernant les marchés publics. Vivement critiquée par l'opposition, elle avait alors été soutenue par le Premier ministre, pour qui Mme Galant avait été "imprudente", mais avait "agi de bonne foi". Le clivage avec le président du SPF Mobilité, Laurent Ledoux, se marquait déjà. Alors que la ministre affirmait avoir suivi les conseils de son administration, celui-ci répliquait que Mme Galant était à la mannoeuvre "de A à Z".
La gestion du dossier du réseau express régional (RER) bruxellois par la ministre avait également fait débat. Ces lignes de chemin de fer pourraient ne jamais être opérationnelles, avait indiqué Jacqueline Galant dans la presse fin janvier, avant de changer d'avis une semaine plus tard, assurant le cabinet Michel que le développement du RER serait bien assuré.
Le communiqué de Jacqueline Galant en intégralité
Mesdames
Messieurs
Après une discussion avec le Premier Ministre je l’ai informé, ce matin, que je lui remettais ma démission en ma qualité de Ministre de la Mobilité et des Transports.
La confusion orchestrée et théâtrale de ces dernières 48 heures m’empêchent de continuer avec sérénité dans l’accomplissement de mes dossiers.
Ces dossiers sont complexes et ils demandent de pouvoir être portés dans un climat constructif.
J’ai osé initier le changement.
D’abord dans les chemins de fer en replaçant le client au centre des préoccupations et en voulant les placer sur la voie de la modernité.
Modernité également en voulant légiférer sur les nouvelles technologies ; je vous apprends d’ailleurs que l’arrêté drones tant attendu est publié aujourd’hui.
J’ai posé les jalons d’un plan de mesures fortes en faveur de la sécurité routière.
Et la liste est encore longue.
Ma façon d’agir a parfois dérangé certains, mais a aussi été applaudie par d’autres.
C’est pour cela que je garderai toute ma force de proposition.
Je regrette même -plus je suis choquée- par la mise en scène de la démission du président du SPF. Il entraine dans sa croisade médiatique toute son administration et la plonge dans la polémique.
Par contre il démontre depuis 3 jours une capacité destructrice qui n’aura de cesse de vibrer tant que je resterai en fonction.
Il jette également du discrédit sur les membres de mon Cabinet et s’il le faut sur le travail du gouvernement.
Il surfe sur le climat d’inquiétude actuel -marqué encore par les terribles attentats du 22 mars- pour justifier des propos accusateurs.
Propos que certains n’hésitent pas à relayer voir à amplifier.
Cet amalgame qui vise à prétendre que j’ai été laxiste en ne portant pas suffisamment attention aux questions de sécurité me touche profondément. En effet, s’il y a bien un domaine auquel j’ai toujours porté attention c’est celui-là. J’ai toujours cru et crois encore plus que jamais à la notion noble de la politique : faire le bien pour le citoyen. C’est l’intérêt du citoyen qui prime.
Je veux rester cohérente par rapport à cet engagement politique. Et si cela me demande aujourd’hui de remettre mon mandat, je le fais ; mais ce n’est pas pour cela que je nie tout le travail accompli.
Je suis fière des changements initiés que je laisse derrière moi. Je remercie mes collaborateurs pour leur engagement.
Je remercie les agents du SPF Mobilité. Je remercie les membres des entreprises publiques : la SNCB, Infra Bêl, Rail, Belgocontrol et l’IBSR dont j’ai eu la tutelle.
Je remercie tous les partenaires avec lesquels j’ai eu le plaisir de réaliser de beaux projets depuis octobre 2014.
Et bien entendu je remercie mes collègues du Gouvernement, les membres de la majorité à qui je souhaite de continuer avec force et détermination leur travail dans l’intérêt de notre beau pays.
Jacqueline Galant
Bruxelles 15 avril 2016"
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