Si de nombreux jeunes diplômés éprouvent des difficultés à trouver un emploi, il existe un domaine où cette situation n'existe quasiment pas: le secteur informatique. 1.000 postes sont à pourvoir en ce moment en Wallonie. Le reportage de Céline Praile.
Depuis cinq ans, les métiers du secteur informatique sont en pénurie. Un phénomène qui prend de l'ampleur ces derniers mois. En Wallonie, 15.000 personnes travaillent dans le secteur des technologies de l'information et de la communication. 1.000 postes sont à pourvoir pour lesquels il y a une difficulté de recrutement.
Tous les métiers qui touchent aux technologies de la communication sont concernés : développeurs, concepteurs, gestionnaires de bases de données, informaticiens…
Les causes de la pénurie
Plusieurs facteurs expliquent la pénurie. Le premier, c'est que les filières informatiques n'attirent pas assez de candidats. Pourtant, le besoin de spécialistes augmente. C'est une autre cause de la pénurie: des secteurs qui ne nécessitaient pas spécialement de compétences en informatique sont aujourd'hui en demande. "Par exemple dans tout ce qui est agriculture. Lors de moissons, il faut des programmateurs. Ce n'est pas nécessaire, mais c'est de plus en plus demandé. Des programmateurs qui mettent en place des systèmes qui permettent d'être le plus efficace possible. Donc on voit que les secteurs ne cessent de s'élargir, la demande aussi, et la réserve de main d'œuvre ne grandit pas proportionnellement", explique Stéphanie Wyard, porte-parole du Forem.
La pénurie ralentit le développement des entreprises
La pénurie a des effets directs sur certaines entreprises, qui ne parviennent plus à progresser. "On essaie de se développer et ce n'est pas toujours facile, parce que ça fait un an qu'on cherche un profil informatique et technico-commercial… et on n'a pas de réponse", confie Etienne Dawir, de Cadmes Belgique, une société de service informatique et de logiciels de simulation.
Une situation qui peut aller jusqu'à ralentir les contrats et les ventes des sociétés concernées. "On distribue des logiciels de conception. J'ai des exemples où, depuis des mois, j'ai des logiciels qui sont en offre. Un industriel me dit 'Ok, on va acheter un ou deux postes supplémentaires avec vos logiciels'. Mais quand je lui demande pourquoi la commande n'arrive pas, il me dit qu'il attend de pouvoir mettre une personne qui va utiliser notre logiciel, et cette personne il ne la trouve pas", explique Etienne Dawir.
"Des sociétés essaient de faire signer un CDI avant que l'étudiant ne soit sur le marché"
Face au manque de personnes compétentes, des entreprises n'hésitent pas à débaucher des spécialistes chez leurs concurrents, ou à se rapprocher au maximum des futurs diplômés. "Il y a des clients qui nous demandent de pouvoir contacter directement les professeurs dans les hautes écoles ou les universités pour attirer les jeunes chez eux dans un stage, dans l'espoir de faire directement signer un CDI avant que l'étudiant ne se retrouve sur le marché de l'emploi", explique Etienne Dawir.
Stéphanie Wyard, du Forem, compare la situation au jeu de l'offre et de la demande. "Les entreprises vont prendre plus de temps pour recruter le profil adéquat. Elles vont parfois revoir le profil initialement déposé, peut-être diminuer un peu les exigences, et accepter aussi de former la personne. Ça c'est aussi une possibilité qu'il ne faut jamais oublier", explique la porte-parole du Service public de l'emploi et de la formation en Wallonie. "Là, on est clairement sur des compétences qui valent de l'or", conclut-elle.
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