Avec de plus en plus de dossiers à traiter depuis les dernières mesures gouvernementales, les CPAS sont pris à la gorge et ont du mal à assumer leurs missions. C'est le cas du CPAS de Namur notamment, où Frédéric Moray s'est rendu pour Bel RTL.
Cela fait plusieurs années que le nombre de dossiers à traiter par les assistants sociaux des CPAS wallons et bruxellois augmentent, mais tout s'est encore accéléré ces derniers mois. Depuis janvier 2015, ils sont également tenus de s'occuper des personnes en fin de droits aux allocations d'insertion et les personnes exclues du chômage pour manque d'activation. Cela représente une hausse de 12% de dossiers à traiter.
Et cela ne va pas s'arranger dans les prochains mois puisque les migrants qui auront obtenu le statut de réfugié vont se tourner vers les CPAS. Selon une estimation, cela représente 31.000 personnes. Il faudra sans doute y ajouter les malades de longue durée si le plan du gouvernement en la matière est avalisé.
"Un épuisement de la part des travailleurs"
Pour Stéphanie Pétrov, la directrice de l'action sociale au CPAS de Namur, la situation est déjà extrêmement tendue sur le terrain: "On nous demande de faire parfois des miracles, on nous demande de prendre le relais pour une série de publics, par exemple les personnes qui sont exclues de l'allocation de chômage, et on est là au bout de nos capacités", a-t-elle expliqué ce matin sur Bel RTL.
Elle craint que cette situation ait des conséquences sur la santé des assistants sociaux. "Aujourd'hui, il y a un épuisement de la part des travailleurs sociaux à Namur", dit-elle. Même s'ils tiennent le coup pour le moment, ça se complique au niveau de leur travail également: "On commence quand même à a avoir des assistants sociaux qui s'essoufflent et ça, je pense que c'est vraiment grave. C'est une sonnette d'alarme parce qu'on doit pouvoir atteindre nos objectifs et consacrer le temps qu'il faut aux bénéficiaires. Parce que si on insère moins les gens, forcément ce sont des gens qui resteront plus longtemps au CPAS", déplore-t-elle.
Trop de dossiers à suivre
Face à ces nombreuses missions, les assistants sociaux des CPAS débordent de travail. Ils gèrent généralement chacun plus d'une centaine de dossiers alors qu'il est prévu qu'ils puissent n'en traiter qu'entre 60 et 80 à la fois. Le travail se fait donc de moins en moins en profondeur.
Laura Malburny connait bien ce problème. Elle vient d'aider Mike et son dossier plutôt complexe et lui trouvant un emploi temporaire: "Ça a été un long travail avec monsieur parce que c'est quelqu'un qui était anciennement toxicomane, donc on n'a pas su aborder l'insertion tout de suite, explique-t-elle. Il a vraiment fait un énorme travail, mais ça a pris un an et demi pour qu'on en arrive là". Elle a de moins en moins la possibilité d'accomplir ce travail de fond pourtant nécessaire.
Actuellement, la réinsertion est diminuée elle aussi, les dossiers durent plus longtemps et finissent par couter plus cher à la collectivité.
"On nous demande toujours plus et on est au bout de nos capacités. Quand est-ce que ça va s'arrêter? Quand est-ce qu'on va se rendre compte que nous sommes acculés", se demande Stéphanie Pétrov.
Les moyens ne suivent pas complètement
De nombreux assistants sociaux seraient dès lors au bord de la rupture, parce que toutes ces mesures supplémentaires ne sont pas entièrement compensées par une augmentation des moyens. Le financement pour assurer ces nouvelles missions a en partie suivi seulement: la Région wallonne a augmenté son enveloppe aux CPAS, notamment via des aides à l'emploi et le Fédéral paye 70 % du revenu d'intégration (soit 850 €) de tous les bénéficiaires. Le souci provient surtout des frais indirects que les CPAS ont de plus en plus de mal à assumer, d'autant plus que les enveloppes sont fermées et ne couvrent pas ces frais qui se retrouvent à la charge des communes...
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