Le service de radiothérapie oncologique des Cliniques universitaires Saint-Luc a trouvé une alternative à l'anesthésie et aux anxiolytiques lors des traitements par rayonnement: la projection d'un film ou d'un dessin animé. Plusieurs dizaines de patients ont déjà pu profiter de cette nouvelle technique. Vanessa Costanzo et Xavier Gérard l'ont vue en action.
L’alternative a au départ été imaginée pour les enfants mais elle est tout à fait applicable aux adultes. L’effet est comparable à celui d’une légère anesthésie ou d’anxiolytiques : cela permet de garder les patients au calme. Le centre hospitalier indique qu’une vingtaine de patients a déjà pu en bénéficier
Comment fonctionne la radiothérapie ?
La radiothérapie est l'un des principaux traitements contre le cancer. "Elle consiste à diriger des rayons ionisants (radioactifs) sur une tumeur, afin de détruire les cellules cancéreuses", rappellent les Cliniques universitaires Saint-Luc. Durant l'opération, qui dure environ 30 minutes, le patient doit rester immobile.
L’idée vient d’une maman
Pour ceux qui sont trop stressés ou claustrophobes, deux solutions sont habituellement proposées: les anxiolytiques pour les patients adultes et la sédation (c'est-à-dire une légère anesthésie générale) pour les enfants. Un traitement comporte en moyenne trente séances de radiothérapie. Confronté à une maman qui souhaitait éviter à son enfant cancéreux autant d'anesthésies, le service de radiothérapie oncologique des Cliniques universitaires Saint-Luc a eu l'idée de diffuser des vidéos pendant les séances. Autrefois, avant d’entrer dans cette pièce, Vladi aurait dû être anesthésié. Dans cette machine, il doit rester immobile pendant 25 minutes. 30 séances de radiothérapie donc 30 anesthésies générales. Sa mère a demandé au radiologue s’il n’existait pas d’autres solutions. Et le résultat est garanti : "il était stressé, mais comme il a compris que tout allait bien, qu’il n’allait pas avoir mal, il n’était plus stressé. Et il est venu chaque fois…pour regarder des dessins animés" confie Irina Monastyretska, la maman de Vladi.
Le patient se concentre sur la vidéo
Comme l'hypnose, les écrans aident à focaliser l'attention. "Théoriquement, nous aurions pu imaginer de placer un écran de télévision devant le patient. Cette solution simple ne peut pourtant pas être mise en pratique car rien ne peut se trouver dans le passage des faisceaux d'irradiation", explique Philippe Humblet, un technologue du service à l'origine du projet. De plus, le matériel serait rapidement détérioré par le faisceau de radiations. La méthode permet de remplacer l’anesthésie. Elle a été testée sur une douzaine d’enfants mais aussi sur une douzaine d’adultes claustrophobes. "On peut apparenter l’effet que donne la vision d’un film pendant le traitement à de l’hypnose. Une hypnose légère mais qui déconnecte l’enfant ou l’adulte de la réalité, du bruit,…et ça le concentre sur un sujet agréable" explique Philippe Humblet, technologue aux Cliniques Saint-Luc à notre journaliste.
Mini projecteur
Avec Catia Palhetinha Aguas, dosimétriste, M. Humblet a conçu un système pour projeter des vidéos sur la paroi intérieure de l'appareil de traitement grâce à un micro projecteur et un haut-parleur. Pour l’enfant, plus besoin d’être à jeun, pas d’effet secondaire ni d’anesthésie à répétition : le traumatisme de la radiothérapie est moins grand. Pour l’hôpital, cette méthode présente d’autres avantages. "On a un gain de temps, détaille le chef du service de radiothérapie oncologique, Pierre Scalliet. On peut libérer du personnel et on a des gains financiers pour la sécurité sociale. Et en plus, cet appareil est maintenant utilisé vingt minutes, comme pour un traitement normal. Auparavant, il était immobilisé plus d’une heure parce qu’il fallait mettre en route l’anesthésie puis réveiller l’enfant".
Des ingénieurs planchent déjà sur une version plus aboutie de ce projecteur. Le but ? Qu’un maximum de patients puissent bénéficier de cette avancée.
Vos commentaires