La situation n'est plus vivable pour les infirmiers et infirmières qui se rendent chez les patients afin de leur prodiguer des soins. Ils sont sous payés et doivent se soumettre à une cadence infernale. Les tarifs appliqués par l'INAMI, l'Institut National d'Assurance Maladie et Invalidité ne correspondent pas du tout à la réalité du terrain.
Sous-payés, sous pression et épuisés, les infirmiers à domicile n'ont plus le choix : ils doivent soit travailler gratuitement, soit expédier les soins. Une situation qui n'est plus vivable, Marie-Cécile, infirmière à domicile. "On ne peut pas prendre en charge une personne en 5 minutes. Pour ce qu'on touche, ça ne vaut pas la peine, on fera bientôt du bénévolat", déplore l'infirmière.
Les premiers touchés, ce sont les patients de Marie-Cécile, comme Lina, 88 ans. "On parle des soins, on parle du temps, on parle un petit peu de tout, parce que vivre seule, ce n'est pas toujours facile. Dès qu'elle est passé, je me sens remontée", raconte l'octogénaire. "En faisant les soins, elle se dépêche, parce qu'elle sait qu'elle a encore des patients à faire après moi."
Aujourd'hui, le secteur réclame 1.4 milliard d'euros pour fonctionner correctement. Le fédéral, quant à lui, demande encore des économies. La situation risque de s'empirer notamment à cause du vieillissement de la population, qui augmente le nombre de patients.
De plus en plus de travail, de moins en moins de soins
"Pour pouvoir payer notre personnel, et pour payer nos infrastructures, on ne peut plus se permettre d'accepter des 'petits soins' pour lesquels ont doit faire plusieurs kilomètres", raconte Aurélien Fivet, infirmier responsable à l'ASD, Aide et Soins à Domicile.
De plus en plus de soins se font à la maison, alors qu'ils se faisaient à l'hôpital auparavant, ce qui ajoute une charge de travail supplémentaire pour les infirmiers à domicile. "Des soins de plaie, des patients oncologiques, ou des patients qui ont besoin de traitements en intraveineuse 3 ou 4 fois par jour", selon Edgard Peters, directeur des soins infirmiers à la Fédération d'Aide et Soins à Domicile.
Par ailleurs, le budget, lui, rétrécit davantage. Maggie De Block, ministre de la santé, compte faire des économies dans les soins de santé, tous secteurs confondus : 340 millions en 2020. Alors même que le secteur des soins à domicile est sous-financé pour 62% des prestations.
Des infirmiers à domicile épuisés
Cette situation touche autant les infirmiers salariés que les indépendants. Les infirmiers sont sous payés par rapport aux prestations qu'ils effectuent, ce qui les obligent à augmenter le rendement.
Ils doivent s'occuper d'au moins 15 à 20 patients en 5 heures, sachant que l'INAMI considère qu'il n'y a que 5 minutes de trajet entre chaque patient. Pourtant, la réalité des bouchons bruxellois ou de la campagne luxembourgeoise démontre un tout autre temps de trajet. Les infirmiers passent donc beaucoup moins de temps avec les patients, et la qualité de la prestation en pâtit.
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