La presse quotidienne est pratiquement unanime à célébrer l'hommage national rendu vendredi aux 130 victimes des attentats du 13 novembre, symboles de la "génération Bataclan" qui suscite une "ferveur inédite" marquée notamment par une floraison de drapeaux tricolores.
Deux semaines après les tueries de Paris et de Saint-Denis, la France rend en effet un hommage "national et solennel", présidé par François Hollande vendredi aux Invalides, aux 130 morts et quelque 350 blessés dénombrés lors de ces attaques jihadistes.
"Touchée au premier chef, la 'génération Bataclan' ... reste debout", affirme Laurent Joffrin dans Libération, qui affiche en couverture, les noms de toutes les victimes, dans une encre noire et grise. "La société retrouve le sens de la communion, l'instinct de la solidarité, la volonté de rester ferme sur ses valeurs", écrit aussi Libé.
Même tonalité dans Le Figaro, où Alexis Brezet estime que "sous l'aiguillon de la douleur, un élan nouveau se dessine". "Dans cette ferveur inédite, cette émouvante unité, doit-on voir les prémices d'un réveil français ?", se demande-t-il.
"Pour cette génération Bataclan, il est hors de question de ne point être au rendez-vous", abonde Philippe Marcacci de l'Est Républicain. "Ce serait faire injure à cette jeunesse prise pour cible et fauchée sur l'autel de la barbarie", explique l'éditorialiste.
Plus sceptique, Patrick Apel-Muller dans L'Humanité remarque que "l'appel aux Français à pavoiser leurs habitations ... suscite des sentiments mitigés" car "l'injonction rappelle des images des États-Unis et certains estiment qu'il n'y a qu'un pas du patriotisme au Patriot Act".
Un besoin d'union nationale
Yann Marec pour Le Midi Libre, ose "la question qui fâche" : "l'hommage national ressemble-t-il à une récupération politique ou un acte de partage patriotique ?" La place inédite prise par le drapeau tricolore est remarquée par de nombreux éditorialistes.
"Les événements du 13 novembre ont été d'une telle gravité que c'était le moment ou jamais de se réapproprier totalement le drapeau tricolore", écrit ainsi Olivier Pirot de La Nouvelle République du Centre-ouest, qui concède toutefois que "cette démonstration tricolore n'est pas la seule façon de défendre les valeurs de la République".
L'Alsace et Raymond Couraud veulent aussi voir dans la célébration du drapeau : "le signal de notre solidarité avec nos soldats, les anonymes du Charles-de-Gaulle ou des sables d'Afrique, hommes de devoir et de sacrifice." Jean Levallois, pour La Presse de la Manche, évoque un "besoin d'union nationale" qui fait retrouver "des réflexes venus du fond des âges" pour se resserrer autour de "la nationalité, l'hymne et le drapeau".
Le Courrier Picard (Bertrand Meinnel) note qu'on "l'avait un peu oublié, non par manque de patriotisme, mais parce que le besoin s'en faisait moins sentir". "Le drapeau a trop longtemps été oublié par la gauche, banalisé par la droite, confisqué par l'extrême-droite", souligne aussi La Dépêche du Midi (Jean-Claude Soulery).
Mais Jean-Louis Hervois dans La Charente Libre, met en garde : "la conversion aux symboles et les grands discours ne chasseront pas les nuages. C'est le choix des urnes et l'engagement citoyen qui écriront la suite de l'Histoire."
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