Salim était l'un des stewards déployés au Stade de France le vendredi 13 novembre, le soir des attentats de Paris. Dans une interview accordée à nos confrères de BFM TV, il explique le moment où il a refoulé, sans le savoir, l'un des kamikazes des attaques (vidéo ci-dessous).
Le 13 novembre, c'est la première fois que Salim Toorabally assure la sécurité au Stade de France. Un moment qu'il attend avec impatience après dix ans de carrière comme agent de sécurité. Les portes s'ouvrent à 19h, l'ambiance est bonne, les spectateurs sont joyeux. Pour rentrer, ils doivent scanner leur billet dans un tourniquet automatique, avant de subir une fouille corporelle sommaire.
"Il observait à l’intérieur au niveau de mon collègue qui faisait la palpation"
Vers 20h15, un individu sans billet essaie de passer derrière des supporters. Salim l'intercepte: "Il m'a dit qu'un ami allait lui apporter un billet, mais qu'il voulait rentrer. J'ai dit non", explique Salim à nos confrères de BFM TV. "Après, il est resté cinq à dix minutes devant moi. À un moment donné il était au téléphone, il regardait beaucoup la foule et il observait à l’intérieur au niveau de mon collègue qui faisait la palpation", décrit l'agent de sécurité.
Salim prévient ensuite son collègue que l'homme essaie encore de frauder un peu plus loin. L'individu s'est trouvé plusieurs minutes dans son champ de vision. "Je n'ai rien trouvé d'anormal, je le suspectais juste de vouloir frauder", explique Salim. Après quelques instants, l'homme disparaît.
"C'est peut-être vous qui avez sauvé la France"
Un peu plus tard, à 21h20, une explosion retentit. Dix minutes après, une deuxième. Salim court pour secourir les blessés. Il ne rentre chez lui qu'à 2h du matin.
Trois jours après les évènements, la police le contacte pour qu'il raconte la soirée. Le "petit incident" lui revient en mémoire. Quand la police lui montre des photos, il reconnaît Bilal Hadfi, l'un des trois kamikazes du Stade de France. "La police scientifique tenait sa tête et là ça correspondait bien à l’individu que j'avais vu", se souvient-il. "Et puis la police m'a dit 'c'est peut-être vous qui avez sauvé la France'", explique Salim.
Jusqu'à la rencontre avec la police, Salim ne se doutait pas qu'il avait refoulé un terroriste. Aujourd'hui, il se dit "fier" d'avoir accompli son travail. Mais l'homme est toujours sous tension. "Dès que j'entends un gros bruit ou quelque chose qui tombe, je suis choqué", confie-t-il.
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