La magistrate Karin Gérard a été agressée mardi soir dans les environs du Palais de Justice. Ce jeudi, elle a expliqué à l’une de nos journalistes que des magistrats sont réellement menacés et donc sous protection.
La présidente de la cour d’appel de Bruxelles, Karin Gérard, a été agressée mardi soir dans les environs du Palais de Justice. Elle a été soignée dans un hôpital bruxellois et une enquête est en cours afin de déterminer l'identité et les motifs des auteurs, a confirmé mercredi le parquet de Bruxelles.
"Dans notre fonction, il arrive que des magistrats soient réellement menacés, soient sous protection"
Suite à son agression, la célèbre juge sa confié à notre journaliste Chantal Monet qu’il était fréquent que des magistrats soient l’objet de menaces. "Dans notre fonction, il arrive que des magistrats soient réellement menacés, soient sous protection. On évite évidemment de le dire d’abord parce qu’il ne faut pas préjuger et nuire à la présomption d’innocence. Deuxièmement, si vous parlez du fait que vous êtes protégés ou que vous êtes sous surveillance, ça enlève toute l’utilité à la mesure. Donc il s’agit d’être discret à ce niveau-là. Mais c’est évident que dans le ressort de la cour d’appel de Bruxelles, comme ailleurs, il y a évidemment des juges, des juges d’instruction, des juges assis, des juges du parquet, même des avocats qui font l’objet de menaces ou d’agressions. Et puis il y a l’agression qu’on peut subir comme n’importe quel citoyen", a-t-elle expliqué.
Nez fracturé, lèvres suturées et commotion cérébrale
Plus tôt elle avait expliqué son agression à nos confrères de Sudpresse. "J'ai été attaquée par surprise et de dos alors que je regagnais ma voiture". La juge a le nez fracturé, les lèvres suturées et souffre d'une commotion cérébrale. Détail très troublant, la magistrate, qui évoque des trous noirs, explique que l'un des 3 auteurs l'a appelée par son nom.
"Le ministère de la Justice prend la sécurité des magistrats très au sérieux"
"Le Centre de Crise a décidé de mettre en place des mesures de protection à son encontre", explique la porte-parole du ministre, Davine Dujardin. "Le ministère de la Justice prend la sécurité des magistrats très au sérieux." Le Centre de Crise n'a pas souhaité confirmer l'information, mais affirme cependant être compétent pour la protection des personnes menacées dans l'exercice de leur fonction. "Le lien entre l'évènement (agression de Karin Gérard, ndlr) et le procès d'Assises qu'elle préside en ce moment n'a actuellement pas été formellement établi", rappelle tout d'abord Mme Dujardin. "Mais après cet incident, des mesures de sécurité ont été définies à son encontre par le Centre de Crise."
"Donner les conseils nécessaires quant à la procédure à suivre en cas de menaces"
Au niveau de la sécurité des magistrats, le SPF Justice ne peut pas se substituer au travail de la police ou du Centre de Crise et assurer lui-même la sécurité de ces personnes, mais il a néanmoins développé une série de mesures. D'abord, plus globalement, au niveau de la sécurité des bâtiments judiciaires. Ensuite, le SPF Justice assure aussi la technoprévention auprès des personnes menacées: "notre rôle au niveau technopréventif consiste à donner les conseils nécessaires quant à la procédure à suivre en cas de menaces, mais aussi écouter les besoins des personnes concernées. Le SPF Justice travaille actuellement à développer davantage le domaine technopréventif", explique Davine Dujardin.
Le SPF peut également jouer un rôle consultatif auprès des services chargés de la sécurité de ses magistrats en les éclairant, au besoin, sur certaines informations. Le Centre de Crise se charge, quant à lui, de garantir la protection nécessaire d'un magistrat, ou de toute autre personne dans l'exercice de ses fonctions. Il applique alors les même procédures qu'aux personnalités publiques. Pour déterminer les mesures préventives et de sécurité les plus adéquates, le Centre de Crise procède à différentes démarches, publiées sur son site: rassembler toutes les informations disponibles les confronter à la réalité, demander des analyses et des estimations auprès des services compétents, notamment auprès de l'Organe de coordination pour l'analyse de la menace (OCAM) et, enfin, déterminer quelles mesures sont les plus appropriées.
Concrètement, la sécurité peut être assurée de façon diverse en fonction du degré de menace: déploiement de patrouilles de police ou encore un poste fixe. Elle est effectuée par la police locale, fédérale ou la Sûreté de l'Etat. L'organe du SPF Intérieur n'a cependant pas souhaité confirmer avoir mis en place des mesures de protection pour la magistrate Karin Gérard, indique son porte-parole Benoît Ramacker. "Nous travaillons au quotidien sur tous types de menaces. Bruxelles étant la capitale de l'Europe, le Centre de Crise s'occupe de 3.500 à 4.000 dossiers concernant la visite de personnalités par an."
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