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Oui, Molenbeek a un programme pour déradicaliser les jeunes: rencontre avec Bilal, un Molenbeekois qui a vu une douzaine d’ami(e)s partir en Syrie

Oui, Molenbeek a un programme pour déradicaliser les jeunes: rencontre avec Bilal, un Molenbeekois qui a vu une douzaine d’ami(e)s partir en Syrie
 
 

"Repaire de djihadistes" aux yeux du monde et commune dans laquelle il faut "faire le ménage" selon notre propre gouvernement, Molenbeek a pourtant lancé des initiatives pour prévenir la radicalisation de jeunes. L’Agence France Presse a rencontré quatre acteurs clés, pour mieux comprendre le problème molenbeekois et les efforts entrepris au niveau de la prévention, et non de la répression, pour le résoudre.

Il y a premièrement Bilal, un musulman de 21 ans qui sait à quel point les recruteurs de l'EI peuvent être persuasifs. Une douzaine de ses amis, garçons et filles, ont rejoint les terroristes en Syrie. "Les recruteurs ciblent les faibles", témoigne-t-il. Ils ont joué avec le sentiment de culpabilité de ses amis et "leurs délires dans les boîtes de nuit", leurs relations avec le sexe opposé et "leurs antécédents avec la loi", un mode de vie déviant au sein d'une communauté appauvrie et conservatrice. Les recruteurs attisent aussi leur sentiment d'injustice face aux interventions occidentales au Moyen-Orient, relève Bilal, qui a résisté aux sirènes djihadistes.


"L'Etat islamique a une stratégie diabolique"

Jamal Habbachich, qui préside un conseil de 22 mosquées à Molenbeek, rapporte que les recruteurs abordent les jeunes marginalisés par le biais de tracts qu'ils distribuent dans la rue et sur les marchés. "L'Etat islamique a une stratégie diabolique, satanique, pour attirer les gens à l'aide de sa propagande sur la pauvreté et l'injustice. Puis quand ils arrivent là-bas (en Syrie), il passe à la phase de la guerre", avance-t-il. "L'imam met les jeunes en garde: ‘Attention, si vous prenez ce chemin-là vous aller détruire votre vie’", explique M. Habbachich dans son bureau de la mosquée Attadamoun. Mais les moyens sont limités pour toucher les plus vulnérables.

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Un programme de prévention de la radicalisation

Sarah Turine (à gauche sur la photo, aux côtés de la bourgmestre MR Françoise Schepmans et du 1er échevin cdH Ahmed El Khannouss), est l’échevine de la Jeunesse de Molenbeek. Islamologue de formation, elle est en première ligne de la bataille menée pour empêcher les départs en Syrie. "Nous devons décrédibiliser le discours" des recruteurs, explique l’ex-coprésidente d’Ecolo, qui supervise un programme de prévention de la radicalisation. La première étape de celui-ci consiste généralement à dépêcher un sociologue et un psychologue pour tenter de renouer les liens entre un jeune déclassé sur le point de basculer et sa famille. La suivante est de mettre en lumière les graves conséquences du choix qu'il s'apprête à faire.

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Premiers signaux: "Le jeune va rompre avec ses amis, l'école ou son club de sport"

Rétablir les liens familiaux et communautaires que les jeunes ont rompus, en travaillant avec les écoles et les travailleurs sociaux, c'est la priorité d'Olivier Vanderhaeghen, l'administrateur du programme de prévention. "D'abord, le jeune va rompre avec son réseau, ses amis, l'école, avec son club de sport par exemple", énumère M. Vanderhaeghen. "Dans la deuxième phase, il va rompre avec l'espace public. Il ne va plus fréquenter les mêmes endroits, il va changer de quartier. Enfin, il va rompre avec sa famille et ses proches", phase finale du processus d'isolement.

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Il faut écouter ces jeunes et leurs donner une place dans la société

Selon Sarah Turine, le programme a permis d'"aider des dizaines et des dizaines" de jeunes musulmans. Mais pour Jamal Habbachich, il reste beaucoup à faire pour former les jeunes, les aider à trouver un emploi et leur donner une échappatoire pour s'exprimer. "Personne ne les écoute, personne ne leur parle", déplore-t-il. "Nous devons oeuvrer (à) essayer de diminuer cette colère chez les jeunes", a expliqué à l'AFP l’échevine Ecolo. "Nous devons leur dire qu'ils ont une place ici, qu'ils ne sont pas des citoyens de seconde zone."

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