Cet infirmier épingle une série de conséquences auxquelles les transporteurs routiers qui mènent leur action n'ont peut-être pas pensé.
Nicolas Debrulle, infirmier à domicile indépendant à Aiseau-Presles, nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous pour dénoncer la grève des chauffeurs routiers. Il dit comprendre qu'ils "défendent leur croute", mais veut épingler une série de conséquences directes et graves de la pénurie d'essence qui a commencé à toucher la Wallonie.
Après avoir cherché en vain du carburant dans 5 stations-service, il est rentré bredouille et inquiet: "Comment visiter mes patients à domicile si je n'ai plus une goutte dans le réservoir?, se demande-t-il. Indirectement, c'est leur vie qui est en danger, car plus aucun soin ne pourrait être réalisé : j'ai des patients sous perfusion, d'autres sous insuline, des médicaments à donner, des pansements à faire... Y pensent-ils avec des blocages pareils?"
Pas de réserve pour les SMUR
Ayant travaillé dans un service d'urgence par le passé, Nicolas met en avant d'autres difficultés auxquelles ces services vont être rapidement confrontés. "Les SMUR n'ont aucune réserve de carburant, ils font leur plein à la pompe, comme tout le monde, nous apprend-il. Imaginez dans la région de Charleroi où il y a 3 véhicules SMUR: s'ils sont tous les trois paralysés, c'est indirectement la vie de centaines de milliers de personnes qui est mise en danger en cas d'urgence vitale. Qui sera responsable dans ce cas-là ?"
Autre souci qui peut se poser dans les hôpitaux si le carburant vient à manquer: le transfert de matériel entre les établissements. "Tous ne disposent pas d'unité de stérilisation pour les instruments chirurgicaux par exemple. Sans carburant pour cette navette entre les sites hospitaliers, les interventions chirurgicales peuvent aussi être mises en danger", explique-t-il encore.
"Prenez en otage les pouvoirs politiques"
Cet infirmier de 34 ans évoque aussi le problème d'approvisionnement des repas: "Ils sont souvent livrés par des sociétés extérieures aux hôpitaux, car de moins en moins d'établissements ont leur propre cuisine. Je ne conçois pas qu'un besoin si élémentaire que celui de s'alimenter peut être mis à mal par une action de ce genre", dénonce-t-il.
Enfin, il propose une alternative aux transporteurs routiers qui souhaitent exprimer leur mécontentement: "Je comprends en partie leur frustration, mais nous, à notre niveau, on ne sait rien faire pour arranger ça, c'est le politique qui décide et qui a toutes les cartes entre les mains. Alors, prenez en otage les pouvoirs politiques, enfermez-les dans leur bureau et ne le laissez pas sortir. Forcez-les à négocier, mais ne mettez pas en danger une économie déjà si fragile, ainsi que la vie de milliers de personnes".
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