Laurette Onkelinx, cheffe de groupe PS à la Chambre et présidente de la fédération bruxelloise du PS, était l’invitée de Bel RTL ce matin. Elle a notamment répondu aux propos tenus par Charles Michel dans la presse concernant le président du PS Elio Di Rupo, avant de s’exprimer sur l’emploi et la sécurité sociale.
Martin Buxant (BEL RTL): Le Premier ministre Charles Michel a estimé ce week-end dans une interview à Sudpresse qu’Elio Di Rupo, votre président de parti, avait une rhétorique "digne d’extrême droite et populiste", qu’est-ce que vous dites de cela ?
Laurette Onkelinx: "C’est un dérapage terrible. Il doit être déjà mal pour se laisser aller à un tel dérapage. Il perd complètement les pédales. On le voit bien au Parlement, il y a une ambiance désastreuse entre les membres de ce gouvernement, ils s’attaquent continuellement les uns les autres. Il y a des blues terribles de membres de la majorité qui viennent nous dire "quelle horreur". Il y a une mauvaise ambiance. Manifestement, la N-VA a un poids de plus en plus déterminant."
Cela ne tiendra pas ?
"Je pense qu’ils iront jusqu’au bout, et je pense qu’il faudra réparer par la suite ce qu’ils auront cassé."
Détricoter ce qu’ils mettent en place pour le moment ?
"Ou plutôt reconstruire ce qu’ils sont en train de détruire."
Le gouvernement fédéral est très content des chiffres de l’emploi. Plus de 100.000 jobs créés depuis sa prise de fonction, 55.000 emplois créés rien qu’en 2016. Cela veut dire que la politique socio-économique de ce gouvernement n’est pas si mauvaise que cela ?
"Il y a certains résultats en termes d’emplois, mais au prix de sacrifices sur le dos des travailleurs qui sont extrêmement importants. D’autre part, il faut relativiser ces chiffres au niveau de l’emploi… Mais toutes les nouvelles sont bonnes à prendre et je voudrais saluer notamment le travail des Régions. Maintenant, la politique de l’emploi est largement régionalisée. Il y a des efforts réalisés qui donnent des résultats. Par exemple, à Bruxelles, dans la Région capitale, on n’a jamais eu autant de Bruxellois à l’emploi et c’est une bonne chose."
Ces emplois en plus, c’est grâce aux Régions, grâce au Fédéral ou aux deux ? A l’action concertée des deux niveaux de pouvoir ?
"Ce sont des actions différentes, mais qui donnent certains résultats. Au niveau des Régions, c’est par le biais des aides aux entreprises liées à l’emploi, par rapport à de nouvelles politiques comme la garantie emploi jeune, c’est-à-dire ne jamais permettre à un jeune qui sort de l’école d’être sans rien pendant longtemps, et de lui donner un emploi, un stage, une formation… Cela donne des résultats sensationnels : 43e mois consécutif de baisse du chômage des jeunes à Bruxelles. Ça, c’est une politique de la Région."
Le chômage des jeunes à Bruxelles, cela reste très élevé, 26%...
"C’est évidemment beaucoup trop encore, mais on voit pour le moment un succès dans les politiques mises en œuvre qui nous permettent de croire qu’il est possible d’éradiquer le chômage des jeunes à Bruxelles."
Sur la sécurité sociale : "Si on ne réforme pas, on va dans le mur". C’est ce que nous dit le gouvernement fédéral. Il y a, par exemple, énormément de gaspillage dans les financements des hôpitaux. Vous êtes d’accord avec ça ?
"Non, je ne suis pas d’accord. Mais ça va bien plus loin. La sécurité sociale d’abord, c’est quoi ? C’est un peu la bonne fée qui nous accompagne tout au long de la vie, dès qu’il y a un pépin, un problème de santé, un accident, une entreprise qui ferme… La sécurité sociale est là. Quand on arrive à la pension, la sécurité sociale est là. C’est tellement important, cela permet aussi de relier tous les Belges entre eux, qu’ils soient de Flandre, de Wallonie ou de Bruxelles. C’est la solidarité. Et c’est ça que n’aime pas la N-VA. La N-VA a imposé des économies extrêmement importantes dans la sécurité sociale et il y a un projet de financement qui a été accepté comme des chiffes-molles par les autres partis de la majorité, notamment le MR, et qui fait dire à tous les syndicats, les mutuelles, les mouvements sociaux, les professeurs qui ont été entendus, les spécialistes de la sécurité sociale, au Parlement vendredi, qu’on est en train de détruire notre modèle social."
Faut-il la réformer ou la laisser en état ?
"On a toujours réformé la sécurité sociale, on n’a jamais arrêté de faire des réformes, mais là, ils sont en train de définancer la sécurité sociale."
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